Aller voir un film avec un tel synopsis, c’est forcément ne s’attendre à rien. Et surtout pas à un film mémorable. Et, dans ce cas-ci, en matière de rien, on peut dire qu’on est servi.
Vouloir faire “à la manière de”, surtout lorsque la référence est quasi-immortelle (en l’occurrence Steven Spielberg et son classique Duel), c’est courir le risque de se prendre un méchant gadin. C’est aussi un peu prendre les spectateurs pour des potiches. Au final, Angle mort tombe (sombre) dans le piège et ne parvient à rien, si ce n’est qu’à nous donner envie de nous précipiter sur le premier DVD venu du classique sus-mentionné.
Angle mort n’est donc rien d’autre qu’une énième mouture du monstre de métal qui tue aveuglément des passants sans reproches. On en a déjà vu toutes les coutures avant d’entrer dans la salle. Partant de là, comment se fait-il que ni James ni ses comédiens ne parviennent à faire de ce film quelque chose de tangible ?. On se le demande.
Les prémices au suspense sont trop longs (il faut attendre 50 bonnes minutes pour enfin avoir un face à face). Une fois que l’on a vu la face du tueur, on a tout de suite compris ce qui va arriver. Rien n’est laissé au suspense et à l’imagination, tout est dit, écrit, montré, expliqué. L’ajout d’une rupture probable dans le couple aurait du être mieux exploitée, elle n’est hélas que survolée et ne sert à rien dans le récit. Les dialogues sont pour la grande majorité d’un minimalisme à faire peur. Enfin, fait voulu ou non, une bonne part des scènes dites de tension sont mourantes tellement elles sont ratées (la scène de l’arrestation du couple par le policier restera sans doute longtemps dans les mémoires).
Les âmes les plus charitables retrouveront tout de même avec plaisir le charme des séries B américaines des années 50 (ou série Z selon les goûts). À l’époque des grandes années du genre, lorsque les hommes étaient invisibles ou minuscules et qu’ils affrontaient des araignées de 10 pieds de haut ou des singes en peluche.
Dans le genre, le Québec n’a que peu de films de la sorte (les films québécois de type “slasher” et autres genres où l’hémoglobine a beacoup de temps d’antenne ne sortent jamais en salle), et on pourrait se dire que cette tentative ratée n’est autre qu’une minuscule péripétie dans une cinématographie nationale qui se construit, avec bien du retard sur certains pays, plus riches et plus prolifiques. D’un autre côté, on pourrait aussi remettre sur le tapis le laïus des deniers publics mal dépensés… et on aurait raison.
Angle mort c’est donc une heure vingt de concentré de série B, avec tous les défauts et toutes les aberrations de ce style de cinéma. C’est tout en délire et en n’importe quoi, du cinoche sans intérêt qui se méritera sans doute une place de choix dans la liste des Prix Aurore comme l’un des «meilleurs pires films de 2011». À vous de juger.
Angle mort – Québec, 2010, 1h22 – Un couple de québécois partent en vacances dans une île du sud. Ils sont bientôt pris en chasse par un mystérieux conducteur – Avec: Sébastien Huberdeau, Karine Vanasse – Scénario: Martin Girard (a refusé que son nom soit associé au film) – Réalisation: Dominic James – Production: André Rouleau (Caramel Films) – Distribution: Remstar
Ma note: