Films du Québec

La chasse au collet – Julianne Côté dans le couloir, en route vers… (FunFilm Distribution)

Avec La chasse au collet, son second long métrage de fiction après Columbarium (2012), Steve Kerr nous propose une nouvelle incursion dans le cinéma de genre, avec cette fois un thriller citadin et contemporain. S’il n’est pas le premier à parler des dérives du web (il y a dix ans, Ma fille mon ange d’Alexis Durand Brault avait déjà balisé le terrain), Kerr pousse plus loin son importance en faisant de ces sites de rencontres adultères à la fois l’instrument de la vengeance d’Élyse (Julianne Côté, à la névrose parfaite) mais également l’arme du crime si l’on se range dans le camp d’Éric (Paul Doucet, entrepreneur convaincant).

À partir d’ingrédients connus, Kerr s’emploie à dépeindre une histoire de réparation personnelle, suffisamment bien élaborée et rythmée pour capter l’attention, mais un peu trop simpliste. Il détaille de manière classique la confrontation (qui débute par des lettres anonymes, comme au bon vieux temps du Corbeau de Clouzot !) comme un conflit émotionnel, opérant dans un premier temps grâce au charme de la séduction, mais cédant vite le pas à une mise en scène plus brutale lorsque vient le temps de régler les comptes.

Si le film fonctionne c’est pour une bonne part grâce à des protagonistes qui ont du corps, de la texture et qui semblent crédibles, tout en charriant avec eux des troubles psychiques laissant planer l’ambiguïté de leurs buts exacts. On regrettera cependant que les rôles secondaires n’aient pas tous été approfondis. Au final, La chasse au collet s’avère un suspense adroitement construit, interprété de façon convaincante, mais dont la narration manque de complexité et la réalisation d’audace.