Joe Cole dans Eye On Juliet de Kim Nguyen (photo Sébastien Raymond)
Comme il l’avait fait avec les étendues de glaces du Grand Nord canadien dans Two Lovers and a Bear, Kim Nguyen nous transporte dans un désert lunaire à la rencontre d’un amour impossible entre deux personnes qui à priori n’auraient jamais pu se rencontrer il y a encore 20 ans. Contemporaine par les gadgets technologiques qu’elle emploie, la romance d’Eye On Juliet mélange également plusieurs thèmes puisés directement dans l’actualité. Le pétrole, la surveillance du Monde arabe par les États-Unis et le désir de liberté de la jeunesse musulmane, se côtoient pêle-mêle dans cette histoire finalement très rassurante, surprenante par sa naïveté, et somme toute assez décevante par sa morale paternaliste. Sans même mentionner les incongruités qui viennent avec. Au contraire du récit historique de La cité (déjà situé en Afrique du Nord) et de la féérie de Two Lovers and a Bear, cette nouvelle proposition du réalisateur de Rebelle repose sur un présent trop palpable, dénué d’onirisme et de sous-texte. Même si les belles prises de vue des déserts marocains et la jolie musique éthérée de Timber Timbre tentent d’insuffler un peu de magie à ce milieu glacial, le film est plus risible qu’émouvant. De même que l’on ne comprend jamais vraiment les motivations d’un jeune américain rangé pour prendre autant de risques afin de sauver la vie d’une inconnue, et éprouver pour elle un sentiment aussi fort. Des questions que Nguyen ne laisse en suspens, trop occupé à nous faire croire que la techno de l’Amérique triomphante peut délivrer le monde des rigides traditions musulmanes… Heureusement, Lina El Arabi et Joe Cole s’investissent suffisamment dans leur rôle pour donner une illustration tangible de la détresse de leurs personnages. Note : 2/5
