Après Atanarjuat, la légende de l’homme rapide, Ce qu’il faut pour vivre et les films du collectif Arnaït (Before Tomorrow, Uvanga) et bien d’autres, documentaires notamment, les réalités actuelles ou les légendes des peuples des Premières Nations prennent lentement mais sûrement racine dans notre cinématographie. Maïna, aventures romanesques dans les contrées éloignées du Grand nord québécois, s’insère donc dans un corpus encore jeune et pourtant bien vivant.
Sans doute le projet le plus ambitieux de tous ces films, du moins par son budget, Maïna, se place avant tout comme une romance épique. Le public cible est vaste. Tout  en délivrant quelques messages sur la peur de l’autre et la rencontre des cultures, le scénario de Pierre Billon ratisse large. Il reste en surface et n’ose aller trop loin dans le développement de ses tensions dramatiques. Les plans de mignons petits animaux (chiots, oursons, caribous) attestent eux aussi d’une volonté de plaire aux plus jeunes. C’est donc avec son âme d’enfant que l’on peut le mieux apprécier cet univers de conte de fées où toutes les tartines finissent par tomber du bon côté.
Les thèmes abordés portent bien entendu sur des sujets rassembleurs. Au rendez-vous : l’amour inaliénable, le courage, l’acceptation de l’autre et le respect des différences culturelles. Incarnés par des comédiens innus et inuits, aguerris mais inconnus du grand public, les personnages sont crédibles et jouent tous à l’unisson. La distribution est indéniablement l’un des points forts du film.
L’intrigue, très linéaire, se veut explicative, avec des voix off et des flashbacks qui nous précisent tout ce qu’il faut comprendre. On aurait cependant apprécié que les croyances amérindiennes ou inuites soient imagées avec un tant soit peu de poésie mystique en donnant une plus large part au mystère.
En grand professionnel qu’il est, Poulette sait diversifier sa technique et parvient à donner au rythme de son film une appréciable fluidité. Entre plans d’ensemble et survols en altitude des espaces sauvages et inhospitaliers, scènes d’action rapprochées et amours contrariés, Poulette et son équipe nous intègre à l’universalité de son (H)histoire. Les rites et croyances, les amours contrariés et les périples au long cours nous font quant à eux toucher au sacré de ces peuples ancestraux.
Le film sait aussi nous placer aux côtés de ses personnages. Les rituels et les coutumes tribales deviennent autant de repères crédibles qui nous font ressentir le quotidien de ces peuples (les scènes de chasse et le dépeçage des bêtes, en particulier, rappellent le style documentaire). Sur ce plan, on ne peut que louer la véracité de la direction artistique qui recréée jusque dans les moindres détails les décors, costumes et autres accessoires.
Cependant, les paysages grandioses, les beaux costumes et les gestes ancestraux ne peuvent rien pour nous dépêtrer de la naïveté ambiante d’une iconographie idéalisée à l’extrême. Sortie de son contexte historique et de sa splendeur géographique, cette classique histoire de bravoure romanesque ne s’aventure pas en dehors de sentiers bien balisés et n’a de ce fait pas grande nouveauté à proposer.
Remonter dans le temps pour nous faire rencontrer les peuples fondateurs de l’Amérique du Nord avant même que les blancs ne foulent cette terre inconnue, voilà bien le principal atout des aventures de Maïna. Enfants et parents devraient y trouver leur compte.
Maïna – aventures romanesques – Québec, 2013, 1h44 – Dans le Grand Nord québécois il y a 600 ans, une jeune innue se retrouve capturée par un groupe d’inuits. Elle tombe amoureuse de l’un deux – Avec: Roseanne Supernault, Uapeshkuss Thernish, Graham Greene, Ipellie Ootova – Scénario: Pierre Billon – réalisation: Michel Poulette – Production: Yves Fortin, Karine Martin – Distribution: Equinoxe Films
Ma note:Â