[Critique] Tadoussac: de mère en fille

Au vu de ses moyens limités, cette œuvre sincère parvient à tirer le plein potentiel d’une intrigue très simple. La justesse des interprètes y est pour beaucoup. Dans l’ensemble, le pari est réussi.

Camille Mongeau dans Tadoussac de Martin Laroche (©Les Films de l'Autre)

Camille Mongeau dans Tadoussac de Martin Laroche (©Les Films de l’Autre)

Une jeune femme quitte Montréal pour trouver dans une région éloignée ses propres origines. On pense bien sûr à Une jeune fille de Catherine Martin, Uvanga de Madeline Ivalu et Marie-Hélène Cousineau ou Les loups de Sophie Deraspe pour ne citer qu’eux. À partir de ce thème déjà exploré, Martin Laroche signe avec Tadoussac une chronique à l’intrigue modeste, mais bien vivante grâce à la crédibilité et la justesse de l’interprétation. Si la prémisse fait preuve d’une urgence anxiogène factice, la suite du séjour révélateur de Chloé dans la petite ville de Tadoussac repart sur un rythme de croisière en apparence plus calme. En apparence seulement, car le récit installe progressivement et de manière très naturelle une tension liée à l’attente du premier contact. Laroche reste collé aux gestes quotidiens et répétitifs de Chloé, d’où l’impression de lenteur qui se dégage à mi-parcours.

Durant le temps que dure cette valse-hésitation, Laroche dresse en parallèle les contours de deux femmes mystérieuses, l’une anxieuse et réservée, l’autre exubérante et sûre d’elle. Mensonges sur leur passé ou leur identité, fausse-couche métaphorique, et autres observations de caractères donnent l’occasion à Camille Mongeau et Isabelle Blais de camper des personnages complexes aux traits finement ciselés. De plus, par un retournement de situation, les forces de chacune finiront par s’inverser alors que leur relation aura révélé tous ses mystères. Dans une conclusion évitant les pièges et refusant la facilité, la quête de Chloé trouve une apothéose émotionnellement très forte. La tension peut retomber, le retour de Chloé à Montréal sera plus apaisé. L’approche naturaliste de la mise en scène (caméra à l’épaule, son direct, lumières naturelles) rappelle les belles heures du cinéma direct. On peut le concevoir en fonction du budget, même si le parti pris cinématographique aurait pu être plus affirmé, comme on avait pu le voir dans Les manèges humains. Malgré tout, grâce à la présence de ses comédiennes adroitement dirigées, Tadoussac gagne son pari.

Tadoussac – Québec, 2017, 1h29 – Abandonnée à la naissance, une jeune femme se rend précipitemment à Tadoussac pour retrouver sa mère biologique – Avec: Camille Mongeau, Isabelle Blais – Scénario: et Réalisation: Martin LarocheProduction: Les films de l’Autre – Distribution: K-Films Amérique

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★★ Moyen
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