Le film commence par un long panoramique sur le centre ville de Montréal dans le froid et la grisaille de ce début novembre. En voix off, une femme décrit le film quelle veut réaliser, sur sa ville qui lui est déjà étrangère, derrière sa fenêtre, elle est avec son amant ou son mari. Ils se quittent. Dans un appartement voisin, une autre femme fait sa valise.
Attention: le résumé ci-dessous dévoile la totalité de l’intrigue
A la gare, Estelle arrive avec ses valises et prend un aller simple pour Toronto. Elle se ravise et reste sur le quai de la gare. Elle prend alors un taxi et demande l’hôtel Le Laurentien, mais il est démoli depuis deux ans… donc le chauffeur la conduit dans un hôtel non loin de la. Et c’est dans le lobby de cet hôtel qu’Andréa Richler fait la connaissance d’Estelle. Cette dernière s’installe dans sa chambre, visiblement angoissée… des applaudissements lointains se font entendre.
Andréa repère les lieux de son tournage en parcourant les rues armée de son Polaroïd… C’est curieux, les rues n’arrivent jamais au fleuve, pourtant Montréal est une île. Elle invente son personnage de chanteuse et lui cherche une chanson.
Retour sur Estelle, qui est au téléphone, cloîtrée dans sa chambre. Elle prévient qu’elle est partie, qu’elle est chez des amis… J’ai vraiment envie de faire un voyage… au bord de la mer peut-être… Paroles de réconfort a son interlocuteur… oui, moi aussi je vais essayer de vous écrire… Dans la soirée, elle décroche le téléphone, avale une rasade d’alcool fort et prend des pilules. Tentative de suicide qui finit au dessus des toilettes… La nuit.
En studio, l’actrice répète une chanson d’amour sous les yeux d’Andréa… lorsque Simon, son frère, fait son apparition. Il vient de se faire mettre a la porte de son logement par son petit ami. En rentrant a l’hôtel, Andréa croise Estelle marchant dans les couloirs. La nuit, vues sur les rues de la ville.
Au petit matin, dans un motel de routiers, Andréa se remet au travail sur son scénario qui traite de la vie d’une chanteuse dont la carrière est subitement stoppée.
Peu a peu, les vies du personnage d’Andréa et d’Estelle se rejoignent. En parallèle nous suivons Andréa et Estelle, l’une toute a sa réalisation et l’autre qui déambule dans les rues, exactement comme le personnage d’Andréa… qui a bien du mal a obtenir le personnage qu’elle veut obtenir…
C’est donc tout naturellement qu’Andréa se tourne vers Estelle, qu’elle a déjà croisée a maintes reprises dans les corridors de l’hôtel. Les deux femmes font ainsi connaissance, en marchant dans un théâtre vide. Alors, Andréa commence a lui expliquer son personnage et peu a peu les conversations des deux femmes débordent du cadre professionnel, créant ainsi un climat de confiance et de complicité. Pour Andréa, la présence d’Estelle devient vite indispensable. Pendant ce temps, l’actrice devient neurasthénique, et s’enferme sur elle même, voyant de plus en plus son personnage comme une thérapie exutoire de son mal de vivre.
Durant le tournage d’une scène ou la chanteuse frappe rageusement a une porte barrée, Estelle croise le regard horrifié de l’actrice et s’enfuit en courant, elle est raccompagnée chez elle par Simon. Pendant ce temps, Andréa, cherchant Estelle, se met elle aussi a déambuler dans les rues « il a fallut cette rencontre, sans le savoir je l’attendais, elle est le personnage que je veux montrer, je voudrais être comme elle… pourvu qu’elle s’en aille, pourvu qu’elle reste ».
Lorsqu’elle revient près d’Andréa, Estelle lui dit qu’elle ne veut plus être volée et que sa vie lui appartient. A la fin d’une représentation du film d’Andréa, Estelle quitte le groupe subrepticement et quitte Montréal. Elle laisse un message pour Andréa. Je pars sans quitter cette histoire, une histoire qui aurait pu être la mienne ou la tienne… qui vole quoi a qui? Il suffit peut-être d’une rencontre pour que tout redevienne possible. Un jour peut-être j’irais voir le film… Estelle prend le train pour Toronto.
Charles-Henri Ramond, janvier 2009