Le quinzième numéro de la revue d’études cinématographies Nouvelles Vues vient de paraître. Placé sous la direction de Germain Lacasse et Louis Pelletier, cette édition traite des pratiques visuelles pré-cinématographiques (sommaire complet : http://www.nouvellesvues.ulaval.ca/sommaire/).
Dans ce numéro, ce qui a retenu mon attention, c’est la publication de correspondances inédites échangées entre le cinéaste Gilles Groulx et le producteur André Guérin concernant le court métrage documentaire Québec… ?, une commande du ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec réalisée par Groulx en 1966. On y apprend entre autres plusieurs faits intéressants sur le processus de production du film.
Québec… ?, que le producteur Guérin indiquait être « le premier que l’on tente de faire sur cette réalité tellement difficile à saisir qui a nom : le Québec », présente l’entrée dans la modernité de notre Province par le biais d’une illustration poétique et artistique des importantes évolutions sociales et technologiques du boom économique des années 60. On y voit, entre autres, l’évolution des campagnes, la « modernisation » des communautés inuites (alors appelées eskimos), l’arrivée des ordinateurs (sur la photo celui de l’Université de Montréal), la construction des grands barrages (photos du chantier Manicouagnan-Outardes) et l’agrandissement de l’aéroport de Dorval.
Å’uvre peu connue du cinéaste, Québec… ? conserve une liberté créatrice proche de ses Å“uvres phares que sont Le chat dans le sac ou Où êtes-vous donc ?, ce qui est assez inusité pour l’époque, alors que le documentaire canadien placé sous l’égide de l’ONF conservait en règle général une approche plus neutre et un ton moins personnel.
Ci-dessous, quelques images du film :
Le film Québec… ? est disponible dans le coffret de la collection « Mémoire » édité par l’ONF et reprenant en trois DVD les Å“uvres de Gilles Groulx.
À noter enfin que ce numéro de Nouvelles Vues contient aussi un texte hors dossier rédigé par Julie Beaulieu intitulé Le plaisir visuel de Valérie. L’article traite bien entendu de Valérie, le premier et légendaire soft porn québécois et le compare à Deep Throat (G. Damiano, 1972).
En guise d’introduction, voici un court extrait : Cette comparaison entre Valérie et Deep Throat pourrait dès lors sembler déplacée, d’autant que le premier film n’est pas classé X comme le second, malgré ce qu’en dit Bill Marshall, affirmant qu’il s’agit là du premier film pornographique réalisé au Québec. Si la mise en scène de la sexualité diffère considérablement d’un film à l’autre (Valérie est un film érotico-romantique bien plus qu’un film pornographique), tous deux demeurent des témoins importants de la révolution sexuelle et des agents actifs de la libération des mÅ“urs au tournant des années soixante-dix en Amérique du Nord.
Lire l’article complet :Â http://www.nouvellesvues.ulaval.ca/sommaire/
Nouvelles Vues est une revue savante publiée en ligne depuis 2003.