Laure, Pilon, Lanctôt, dans Les corps célestes, Gilles Carle retrouve quelques uns de ses comédiens et amis. Mais si cette coproduction avec la France est produite dans la foulée des incontournables que sont La vraie nature de Bernadette, les mâles et La mort d’un bûcheron, elle ne connut pas – loin s’en faut – le même succès.
Censée déboulonner les tabous (voir plus bas la citation d’un journal populaire montréalais), cette septième réalisation de Gilles Carle s’avérait finalement bien plus potache que mordante. Robert-Claude Bérubé dans la Revue Séquences () n’y allait pas par quatre chemins en disant : Ici, la pitance est pauvre. Tout tourne autour de l’établissement d’une maison de passe dans un village éloigné et les axes qui forment un semblant d’intrigue sont les efforts du souteneur pour réduire la résistance d’une nouvelle recrue encore vierge et l’opposition du curé qui se résorbe en une crise de folie amenée par de trop longues frustrations. On voit à quel niveau de finesse cela se situe. De longs moments sont perdus en des commentaires sur la décoration des chambres où les grandes trouvailles consistent à installer un portrait de Karl Marx dans la pièce réservée aux ouvriers et d’aménager celle des patrons en simili-harem. Sur un ton monotone, gêné par les exigences d’un français quasi international demandé par la co-production, Donald Pilon fait les honneurs de la visite; on est loin de la faconde déployée par le même acteur dans Le Viol d’une jeune fille douce et encore plus de la truculence des Mâles.
Le film fut un cuisant échec au Québec, tandis qu’en France, où il sortit après sa présentation à Cannes en 1974, il ne parvint pas à rejoindre plus de 45 000 spectateurs, sans doute attirés par la présence au générique de Carole Laure.
À noter que le film avait été classée dans la catégorie « 13 ans et plus » à sa sortie. Il a été reclassé « Général » en février 2009 à l’occasion de sa sortie en DVD.
Gilles Carle défonce, dépasse, les derniers tabous du cinéma québécois
– Le petit journal, 23 septembre 1973
Résumé
Desmond, un proxénète, et son ex-femme, Sweetie, viennent s’installer, en 1939, dans une ville minière du Nord-Ouest québécois avec six prostituées. Compte tenu de la mentalité du milieu, ils décident d’attendre après la fête de Noël pour ouvrir le bordel aux clients. Entre-temps, chacun fait de la publicité auprès des mineurs, de la police et même du curé de l’endroit.
Source résumé : Régie du Cinéma du Québec
Distribution
Donald Pilon (Desmond) ; Carole Laure (Rose-Marie) ; Micheline Lanctôt (Sweetie) ; Jacques Dufilho (Le curé) ; Yvon Barrette (Lorenzo) ; Reda Markovitz (Katie) ; Claude Maher (garçon d'hôtel) ; Sheila Charlesworth (Helen) ; Judi McDonald (Betty) ; Claudine Verdant (Brigitte) ; Dominique Charron (la polonaise)
Et avec : Terrence La Brosse (générique Terrence Ross) ; Gilles Rochette ; Marcelle Pallascio ; Maryse Kingsley ; Marc Grégoire ; Pat Gagnon ; Marc Bourgault ; Claude Laverdière ; Fabien Descôteaux
Fiche technique
Genre: Comédie - Origine: Coproduction Québec-France, 1973 - Durée: 1h44 - Langue V.O.: français - Date de sortie: 20 septembre 1973 dans 20 salles - Visa: Général - Tournage: 12 mars au 7 mai 1973 en Abitibi - Budget approximatif: 500 000 $
Réalisation: Gilles Carle - Scénario: Gilles Carle - Collaboration au scénario: Arthur Lamothe - Production: Mag Bodard, Pierre Lamy - Sociétés de production: Carle-Lamy Ltée, Mojack Films, Parc Films (France) - Distribution: Société Nouvelle de Cinématographie au Québec ; NEF Diffusion en France
Équipe technique - Costumes: François Barbeau - Conception visuelle: Jocelyn Joly - Décors: André Brochu ; Ronald Fauteux ; Lyette Maynard - Montage: Renée Lichtig - Musique: Philippe Sarde - Photographie: Jean-Claude Labrecque (couleurs, 2.35:1 - 35mm) - Scripte: Mireille Goulet - Son: Henri Blondeau
Infos DVD/VOD
Les corps célestes est disponible en DVD au Québec dans un coffret hommage édité par Imavision - Date de sortie : 29 mars 2009 - Code UPC (du coffret) : 069458185134 - Suppléments : N/A