Après le très moyen La dernière fugue et un documentaire social engagé mais plutôt conventionnel, Léa Pool retrouve des qualités déjà ressenties dans Maman est chez le coiffeur, son premier drame d’époque sorti en 2008. Outre la justesse de l’interprétation, qui comprenait déjà Céline Bonnier dans le rôle titre, La passion d’Augustine repose sur une reconstitution tout en finesse du Québec des années soixante et sur une histoire généreuse qui parvient à capter les révolutions sociales alors en cours.
Au-delà de sa fiction, La passion d’Augustine représente un vibrant hommage à l’apport de ces religieuses dans la communauté québécoise au fil des décennies. Un apport que l’on a vite mis de côté au gré des changements engendrés par la laïcisation de la société, mais dont l’importance mérite plus que jamais d’être reconnue. À l’instar du documentaire Les discrètes d’Hélène Choquette sorti au printemps dernier, Léa Pool illustre la résilience de femmes fortes, animées par une foi inébranlable et par la transmission de valeurs spirituelles véhiculées ici par la musique. Les auteures (Marie Vien et Léa Pool) insèrent également quelques remarques bien senties sur le statut de cheap labor de ces religieuses et abordent indirectement la question de leur libération.
De ce scénario hautement rassembleur, Pool parvient à tirer un portrait juste et attachant – et non dénué d’humour – d’une petite communauté recluse à l’écart du monde « moderne ». Le film doit beaucoup à l’interprétation hors pair de Céline Bonnier en Mère Augustine, ainsi qu’à une distribution impeccable parfaitement maîtrisée. La trame sonore appuie de belle manière la sensation de félicité qui se dégage de l’ensemble, au moins durant la première heure.
Car un tournant situé aux deux-tiers apporte dans son sillage une série de rebondissements dramatiques qui ravivent  le mélodrame. D’inutiles flashbacks font leur apparition, tentant de nous expliquer ce que nous avions déjà compris. Et c’est alors que tout excès avait jusque là été adroitement évité que le film retombe dans le déjà vu, et se termine sur une note beaucoup trop conventionnelle. Malgré – ou à cause de – cela, La passion d’Augustine, production grand public réussie dans laquelle tout baby-boomer se reconnaîtra, a tout ce qu’il faut pour être l’un des beaux succès du cinéma commercial québécois de l’année.
La passion d’Augustine – Québec, 2015, 1h43 – dans les années soixante au Québec, une mère passionnée tente de faire survivre son couvent, devenu au fil du temps une école de musique prestigieuse – Avec: Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée, Valérie Blais – Scénario: Marie Vien, Léa Pool – Réalisation: Léa Pool – Production: Lyse Lafontaine, François Tremblay – Distribution: Films Christal
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