Un disparu, Lamirande, a été tué. Du moins, on le dit dans un film de cinéma, pourtant très crédible. Le barman qui sait tout, la belle amnésique, le messager, le héros tué dans un duel et un amoureux qui pète sous les couvertures. Le cinéma offert en cadeau à Noël.
Plans séquences, cadrages inventifs, surimpressions, images granuleuses de la pellicule 16mm. Olivier Godin fait du cinéma d’auteur. Phrases commencées par les uns puis terminées par les autres, comme autant de monologues à plusieurs voix. Dialogues métaphoriques à l’absurdité proche de l’abscons. Comédiens incarnant divers personnages. Olivier Godin fait du cinéma d’auteur tout en chamboulant ses codes.
Si Godin prend des libertés avec le cinéma en racontant une histoire sans se conformer aux structures narratives habituelles, ce n’est toutefois pas sans mettre de côté la linéarité et la chronologie de son intrigue. Ce n’est pas non plus sans oublier d’insérer un humour permanent dans ses répliques poétiques, tout en gardant un regard grinçant sur la réalité (la trinité du divertissement cinéplex !). Cela lui permet de ne pas enfermer Nouvelles, Nouvelles dans un labyrinthe incompréhensible, mais de fournir au spectateur une histoire peu commune mais qui possède suffisamment de balises pour qu’il s’y retrouve. Car Godin ne nie pas le cinéma, bien au contraire. C’est plutôt en s’écartant des chemins établis qu’il nous intrigue, en nous invitant sur sa propre route parallèle, une voie de service d’une autoroute cinématographique devenue très conformiste. Et cet anticonformisme de Godin, « C’est la liberté que respirent les héros », comme dira l’un des personnages.
Certes Nouvelles, Nouvelles est un objet étrange – plus accessible que Le pays des âmes, si tant est que le terme s’applique ici – qui n’est pas pour tout public (quel film peut se targuer de l’être d’ailleurs?), mais force est de reconnaître qu’avec sa façon si personnelle de faire de l’image, Olivier Godin est en train de se bâtir en tant que cinéaste et du même coup de nous aider à nous redéfinir comme spectateur. Et ça, ça n’a pas de prix.
Film vu au FNC – Critique rédigée en octobre 2014
Nouvelles, Nouvelles – Québec, 2014, 1h22 – à l’approche de Noël, un homme a disparu. Un autre le retrouve, et un troisième les suit à la trace de peu de perdre sa belle Héloïse, aimée aussi par les deux premiers. Et aussi, un barman qui sait tout, un curé qui doute et un poison qui fait effet dans trente jours – Avec: Rose-Maïté Erkoreka, Étienne Pilon, Paul Ahmarani, Fayolle Jean – Scénario: et réalisation: Olivier Godin – Production: Myriam Charles – Distribution: La distributrice de films
Ma note:Â
Trois films reliés
Totalement inclassable, Nouvelles, Nouvelles fait partie de ces rares films tournés par de jeunes cinéastes qui rejettent les codes du cinéma traditionnel. Si vous aimez celui-ci, nous vous suggérons aussi : Le pays des âmes d’olivier Godin (2011), Maudit soit le jour de Emmet Walsh (2011) et Go In The Wilderness d’Elza Kephart (2013).