Une seule suggestion télé cette semaine. Car oui, on en est rendu à cette période de l’année où le cinéma québécois s’endort et s’écarte des écrans de cinéma et des grilles horaires des télévisions. Toutefois, je constate qu’en ce qui concerne le petit écran, la réduction progressive des présentations de films québécois n’est plus vraiment une tendance, mais quelque chose comme une réalité. De moins en moins de titres proposés et pratiquement plus de versions non HD. Adieu le noir et blanc, adieu le format 4/3. C’est à dire adieu à un pan complet de notre cinématographie. Certes, me direz-vous, ce n’est pas nouveau. Les habitués de ce programme hebdomadaire sont témoins depuis deux ou trois ans de la pente descendante sur laquelle se trouve notre cinéma dans les grilles horaires des chaînes généralistes, et même depuis peu, de certaines chaînes payantes.
On ne peut qu’espérer que cette situation soit temporaire (mais entre vous et moi, j’en doute fort). Du même souffle, on souhaite que des films du catalogue Éléphant (il y en a plus de 250 maintenant) parviennent à revivre grâce au petit écran. Des signes encourageants nous ont été envoyés par TFO (une chaîne ontarienne, faut-il le rappeler?) à l’hiver dernier, avec la présentation de quelques films restaurés, tels que Les smattes ou Les maudits sauvages. Il faudrait maintenant que les Radio-Canada, Télé-Québec et autres ARTV prennent leur courage à deux mains et osent présenter nos propres images. Quelles que soient leur époque ou leurs origines, elles méritent d’être montrées elles aussi.
À mon humble avis, la situation actuelle n’est pas anodine. Au contraire, je trouve cela assez préoccupant quant à la pérennité de notre cinématographie, où à tout le moins, quant à l’acceptation de sa diversité et de sa pluralité. Il me semble même fort hasardeux de considérer qu’elle n’aura pas d’impacts à moyen ou long terme. Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de ses difficultés à se montrer sur les écrans des régions. On reconnaît ses faiblesses dans un marché de la VOD, exclusivement conçu en fonction d’exigences commerciales états-uniennes. Mais, en dehors de quelques voix éparses, dont je fais partie en tant qu’observateur depuis plus de 6 ans de la diffusion de nos films à la télé, on ne mentionne que rarement son exclusion progressive de nos petits écrans. Les « professionnels de la profession » en ont déjà pris conscience, sans doute depuis longtemps. Il serait désormais intéressant qu’on les entende. J’enfonce peut-être des portes ouvertes, mais qu’importe.
KAWENNAHERE DEVERY JACOBS dans Rhymes For Young Ghouls (©Prospector Films)
Cette semaine, donc, c’est sur le Canal APTN que je vous conseille de (re)voir le drame autochtone de Jeff Barnaby Rhymes for Young Ghouls, belle surprise du FNC 2013 et l’un des films québécois qui a le plus tourné dans les festivals internationaux durant la saison 2013-2014.
Bonne semaine de cinéma québécois (si possible) !
Vendredi
Rhymes for Young Ghouls
✰✰✰½ – 1976, sur la réserve Mi’gMaq de Red Crow. Par décret gouvernemntal, chaque enfant de moins de 16 ans doit aller à l’école indienne. Au royaume du corbeau, cela veut dire l’emprisonnement à l’institution Ste-Daphné. Cela veut aussi dire être à la merci de Popper, le sadique agent indien qui est en charge de l’école – Drame de Jeff Barnaby (2013) avec Kawennáhere Devery Jacobs, Glen Gould, Brendon Oakes, Mark Antony Krupa, Roseanne Supernault – APTN, ven. 29 avril à 21h
Adroit mélange de parcours initiatique, de thriller psychologique et de drame social, Rhymes for Young Ghouls ne s’oublie pas si facilement. D’abord par sa vision sans complaisance de l’état de déliquescence des réserves indiennes à cette époque, mais aussi par la composition juste et assurée de la jeune comédienne principale, qui incarne avec aplomb une jeunesse désireuse de s’en sortir. » Lire la critique complète
