Désireux d’attirer à lui les dollars du succès, Claude Fournier suit la mode des très populaires films de fesses, tels Valérie (1968) ou L’initiation (1970), et n’hésite donc pas à re-« dénuder la petite québécoise » dans Deux femmes en or, bancale histoire de banlieue triste et morne, et qu’il faut bien occuper comme on peut quand on est femme au foyer. À l’époque, le réalisateur de Le dossier Nelligan (1968) a longtemps défendu son vaudeville comme n’étant qu’une simple comédie sociale traitant des relations maritales.
Les éléments drôles désamorcent constamment l’érotisme des situations. Car finalement les situations les plus drôles sont celles qui seraient normalement qualifiées d’érotiques. Dans Deux femmes en or les personnages ne se prennent pas au sérieux, alors comment voulez-vous que nous nous les prenions au sérieux. Si j’ai voulu faire un film drôle, c’est que je n’aime pas les gens qui se prennent au sérieux. D’ailleurs les Québécois sont dans la vie généralement drôles. [1].
Symbole du souffle de renouveau entourant la libération des mÅ“urs de la Belle Province, et la naissance d’un cinéma local n’hésitant pas à se vautrer dans la comédie populiste pour attirer les foules, Deux femmes en or connaîtra un succès commercial considérable. Bien que plusieurs chiffres circulent sans vérification possible, on estime les résultats du film à plus de 1,5 million de spectateurs et plus de 2 millions de dollars de recettes. Un sommet pour un film québécois et sans doute le plus grand succès en dollars actualisés de l’histoire du cinéma d’ici.
À noter qu’en France, le film fut distribué en 1973 sous le titre Deux filles perverties, avec l’interdiction aux moins de 18 ans. Le film de Claude Fournier n’attira que 5 300 spectateurs dans l’Hexagone.
[1] entrevue accordée à Christian Allegre, parue dans Le Devoir du 23 mai 1970, p.14
Réception critique
On tombe ici dans la vulgarité la plus plate, dans le voyeurisme le plus abject, parce que gratuit, purement inutile. Mais faut-il que le public soit à ce point soit sevré pour qu’il accepte pendant plus d’une heure de temps cette ronde de livreurs qui donnera prétexte à nos femmes de déboutonner robes et corsages. Et c’est dommage car les premières vingt minutes laissaient prévoir autre chose que cet immense fourre-tout, ou il semblerait qu’on ait voulu tout y mettre de peur de rater son coup, de peur de ne pas accrocher tous les publics. (Jean-Pierre Tadros, Le devoir, 23 mai 1970, p.14)
Office des communications sociales : L’auteur ne s’est guère embarrassé de subtilités ni même de sous-entendus dans la conduite de son film. L’intrigue se situe au niveau d’une grosse farce gaillarde aux effets faciles et répétitifs. Cote : 6
Résumé
Se sentant complètement négligées et trompées par leurs maris, Violette et Fernande, deux banlieusardes, s'offrent joyeusement à tous les hommes qui frappent à leur porte. Du traiteur au réparateur en passant par le laitier, tout le monde y passe! Mais un jour, un drame survient. Après des ébats mouvementés dans les bras de Violette, un oiseleur dans la cinquantaine décède d'une crise de cœur. Arrêtées puis jugées, les deux femmes en or se retrouvent finalement acquittées par la bienveillance du juge qui les élève au rang de modèle de société. Leur histoire est ensuite achetée par Broadway et voilà qu'un spectacle basé sur la vie des ces deux petites canadiennes françaises devient une pièce à succès.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Monique Mercure (Fernande Turcot) ; Louise Turcot (Violette Lamoureux) ; Donald Pilon (Bob Lamoureux) ; Marcel Sabourin (Yvon-T. Turcot) ; Francine Morand (Miss Cinéma)
Et avec (par ordre alphabétique) : Réal Béland (Le raconteur de blagues) ; Paul Berval (M. Tapis) ; Paul Buissonneau (M. Plâtre) ; Michel Chartrand (Le juge) ; Suzanne Côté ; Bruno Cyr ; Yvon Deschamps (M. Téléphone) ; Myriam Dubuis ; Vittorio Fiorucci (Le photographe de Playboy) ; Ingrid Fisher ; Vincent Fournier (Vincent Turcot) ; Paul Gauthier ; Guy Godin ; Georges Groulx (François-Xavier Lalonde) ; Gérard de Guire ; Raymond Juteau ; Conrad Lachance ; Jean Lapointe (Le sergent détective Poivrot) ; Gilles Latulippe (M. Jolicoeur) ; Donald Lautrec (M. Lait) ; Lucien Lecomte (M. Tabarnak) ; Jérome Lemay (Le détective) ; Raymond Lévesque (Le policier) ; Earl Pennington ; Sydney Rosenstone (Le producteur américain) ; Ingrid Saumart ; Dick Shane ; Janine Sutto (Mme Lalonde) ; Pierre Elliott Trudeau ; Josée Vanasse ; Michel Verrier (Le traiteur "chinois")
Fiche technique
Genre: Comédie érotique - Origine: Québec, 1970 - Durée: 1h47 (la version doublée en anglais dure 1h28) - Images: Technicolor ; Techniscope (format 2.35) - Visa: 13 ans et plus Première: 21 mai 1970 à Montréal au Cinéma Saint-Denis Bijou - Sortie en salles: 22 mai 1970 sur un écran à Montréal (Saint-Denis Bijou) - Tournage: 24 novembre 1969 au 9 janvier 1970 à Montréal et Brossard - Budget approximatif: 225 000 $ - Box office : estimé à plusieurs millions de dollars (entre 2 et 4 selon les sources)
Réalisation ; photographie et montage : Claude Fournier - Production et Scénario: Claude Fournier, Marie-José Raymond - Producteur délégué: Pierre Lamy - Société de production: Les Films Claude Fournier inc. - Participation financière: SDICC - Distribution: France Film
Équipe technqiue - Décors et costumes: Jocelyn Joly, Marie Robert - Montage son: Vic Merrill - Musique: Robert Charlebois - Prise de son: Raymond Lerou, Claude Delorme - Script: Sonia Salvy
Création de l'affiche : Vittorio Fiorucci
Infos DVD/VOD
Deux femmes en or est disponible en DVD au Québec (format panoramique, version originale française et avec sous-titres anglais) - Éditeur : Équinoxe Films - Image : format 4/3 de mauvaise qualité - Date de sortie : 29 novembre 2005 - Code UPC : 012569643598 - Suppléments : brèves biographies des comédiens principaux ; récompenses de Marcel Sabourin et résumé en cinq lignes.