« J’ai fait un film sur le désir des femmes… un désir qui passe par les mots, la parole ». C’est en ces termes que l’auteure et réalisatrice Johanne Prégent présentait Les amoureuses, son second long métrage de fiction sorti durant l’hiver 1992-93. Réalisée après le téléfilm Blanche est la nuit (1988), cette chronique douce amère sur la quarantaine et sur la crainte d’affronter son passé relate les histoires entremêlées de deux couples, l’un qui se construit tandis que l’autre s’effiloche.
En 1993, dans le numéro 3 de Ciné-Bulles, Michel Coulombe demandait à la cinéaste de résumer son film : De manière générale, j’ai de la difficulté à raconter mes propres films. Je travaille instinctivement plutôt que par raisonnement. Dans ce cas-ci, je voulais parler de l’amitié féminine, un sujet encore très peu abordé au cinéma, mais aussi d’amour puisque je n’ai toujours pas fait le tour du sujet… Ce qui m’intéressait en fait, c’est les extrêmes de la relation amoureuse, le début et la fin, présentés de manière à ce qu’ils se chevauchent, s’influencent. Montrer la passion d’un couple qui contribue à provoquer la rupture d’un autre.
Les amoureuses eut droit à une belle carrière commerciale, attirant 30 000 spectateurs dans les salles de la Province.
Réception critique
Pourquoi, en amour, perd-on si facilement la tête? C’est pour que le coeur prenne toute la place. Devant le couple Nino-Marianne, c’est la seule explication que je me suis donnée. Les Amoureuses, c’est un film qui pose des questions pertinentes sur la peur de l’engagement, le beau risque d’aimer et l’avenir du couple. Pour ne rien vous cacher, je vous dirai que j’ai eu un coup de coeur pour Les Amoureuses, j’en suis tombé amoureux. (Janick Beaulieu, Séquences : la revue de cinéma, n° 164, p. 48-49.)
Ce n’est pas tant le sujet qui gêne que l’angle subjectiviste sous lequel il est traité et l’espèce de psychologie tristounette mêlée de fade intimiste et de métaphysique sentimentale où nos courtisanes s’abîment, corsetées dans leur emploi emblématique de femmes de quarante ans, aujourd’hui, devant l’amour et l’amitié… (Gabriel Landry, 24 images, n° 66, p. 69)
Film de femmes, alors? Sans doute, mais ne vous y trompez pas: par son propos et surtout par le traitement qui lui est donné, ce film-tendresse est susceptible de toucher profondément tous les amoureux – au sens très large – qui ont un peu vécu. Un film à résonances, dans lequel certains ont vu une suite du Déclin de l’empire américain. Peut-être, mais sans le cynisme et le désespoir signés Denys Arcand (lequel a pourtant agi comme conseiller au scénario). En tout cas, un de ceux qui s’attardent en vous, après le visionnement. (Huguette Roberge, La Presse, 27 février 1993, p. D4)
Résumé
À l'aube de la quarantaine, deux amies sont aux prises avec les tourments de l'amour. Léa voit s'étioler le couple qu'elle forme avec David depuis dix ans: la rupture semble inévitable. Pour sa part, Marianne se prend de passion pour l'irrésistible Nino, qui lui promet l'amour éternel. Les deux femmes, craintives face à l'avenir, s'interrogent sur l'opportunité de rompre avec leur passé.
Bibliothèque et Archives Canada
Distribution
Louise Portal (Léa), Kenneth Welsh (David), Léa-Marie Cantin (Marianne), Tony Nardi (Nino), Sophie Lorain (Hélène), David La Haye (Bernard), Macha Limonchick (Roseline), Mirella Tomassini (Julienne), Dom Fiore (Pasquale), Francine Ruel (couturière), Mimi d'Estée (mère de David)
Fiche technique
Genre: Drame sentimental - Origine: Québec, ©1993 - Durée: - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première mondiale: 24 février 1993 (Cinéma Le Dauphin, Montréal) - Sortie en salles: 26 février 1993 sur 7 écrans au Québec - Tournage: 15 mai au 20 juin 1992 à Montréal - Budget approximatif: 1,75 M$
Réalisation: Johanne Prégent - Scénario: Johanne Prégent, consultants: Denys Arcand, Marcel Beaulieu, Tony Nardi - Production: Louise Gendron - Productrice associée: Doris Girard - Producteurs délégués: Madeleine Henrie, Léon G. Arcand - Sociétés de production: Les Productions du Cerf en coproduction avec l'Office national du film du Canada et avec la participation financière de Téléfilm Canada, SOGIC - Distribution: Ciné 360
Équipe technique - Costumes: Jacqueline Rousseau - Distribution des rôles: Lucie Robitaille - Mixage: Michel Descombes - Montage sonore: Marie-Claude Gagné - Montage images: Dominique Fortin – Musique: Pierre Desrochers - Photographie: François Protat - Prise de son: Richard Besse
Infos DVD/VOD
À notre connaissance, Les amoureuses a été édité en VHS, mais jamais en DVD. Le film est disponible en VOD sur Illico et iTunes.