[Critique] Bon Cop Bad Cop 2 : trop lent, trop long

Évalué en termes de respect des codes du cinéma d’action, Bon Cop Bad Cop 2 s’avère relativement réussi, par contre si l’on se concentre sur le récit et la progression narrative, la perception change du tout au tout.

Sur le film Bon Cop Bad Cop 2 - Alain desrochers en tournage

Bon Cop Bad Cop 2 – Alain Desrochers en tournage (crédit photo Sébastien Raymond)

Évalué en termes de respect des codes du cinéma d’action, Bon Cop Bad Cop 2 s’avère un « patchwork » relativement réussi, même s’il est hasardeux de le comparer aux productions étatsuniennes du même acabit. Courses poursuites, cascades, explosions (dont celle de la voiture sur le pont, totalement ratée au demeurant), importance de la « hi-tech », emploi de décors type post-apocalyptique, machisme dominant, sans oublier la belle brochette de salopards typés (le boss froidement inhumain, le petit nerveux, le médecin épeurant, les bras droits imperturbables, et j’en passe).

En fin de compte, et d’un point de vue strictement stylistique, le film de Desrochers livre ce que l’on attend de lui. Si par contre on se concentre sur l’histoire et sa progression narrative, la perception change du tout au tout. Les incohérences deviennent gênantes, les faiblesses sautent aux yeux et la maîtrise des sous-intrigues fait cruellement défaut. Bien qu’ils établissent sans trop forcer plusieurs liens avec son prédécesseur, les auteurs ont ouvert leur récit à des horizons plus vastes, sans doute pour aller chercher un public plus large, notamment celui du Canada anglophone. Ils ont conservé quelques caractéristiques distinctives de la québécitude qui imprégnait le premier épisode et qui en faisait une adroite comédie moderne sur un Québec distinct mais « ben pogné ».

Ici, en dehors du casque de Carey Price, d’une ou deux allusions aux faibles budgets provinciaux, de nombreux sacres et d’une capsule de l’indétrônable Claude Poirier, les enjeux se retrouvent surtout dans une intrigue qui fait son cheval de bataille de l’affrontement entre la GRC et le FBI. Il y a donc fort à parier que Bon Cop Bad Cop 2  parviendra aussi à obtenir un certain écho au ROC, bien heureux de trouver là une jubilatoire revanche de nos petits canadiens sur l’arrogance et la fourberie américaines.

Mais le gros du problème tient en premier lieu dans une construction narrative constituée de saynètes qui se suivent sans vraiment s’harmoniser et en second lieu dans l’utilisation de rôles secondaires inégaux, allant de l’insignifiant au trop présent. Heureusement que certains gags font mouche, notamment l’épisode de l’arrestation de nos deux compères à Middle Brook (le plus réussi de tous), mais ils sont finalement assez peu. Enfin, en voulant humaniser le plus possible ses personnages, le film se noie dans des développements plaqués, insistants, et fortement improbables. Car, dès que les difficultés familiales de l’un et les ennuis de santé de l’autre embarquent, une grande part de la tension initiale vole en éclats. Et comme elle n’était déjà pas suffisamment haute, il faut rajouter deux ou trois couches dramatiques totalement surréalistes et mal développées (le complot, le fils de Martin) pour que cette suite longue et décevante livre un semblant de suspense. Peine perdue, on avait décroché depuis longtemps.

Bon Cop Bad Cop 2 – Québec, 2017, 2h11 – Bouchard et Ward se retrouvent après plusieurs années. Cette fois, ils devront combattre un dangereux gang de vol de voitures qui a des plans plutôt sombres – Avec: Patrick Huard (David Bouchard), Colm Feore, Marc Beaupré, Noam Jenkins – Scénario: Patrick Huard – Réalisation: Alain Desrochers – Production: François Flamand et Patrick Huard, Pierre Even – Distribution: Les Films Séville

Ma note: 

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Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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