[Critique] Les rois mongols : promenons-nous dans le bois

Scénario original mettant les événements d’octobre 70 à hauteur d’enfants. Côté réalisation, le résultat est plus mitigé. Belle direction d’acteurs révélant quatre jeunes comédiens à suivre de près.

Manon (Milya Corbeil-Gauvreau) et Mimi (Anthony Bouchard) dans Les rois mongols de Luc Picard

Manon (Milya Corbeil-Gauvreau) et Mimi (Anthony Bouchard) dans Les rois mongols de Luc Picard

Relativement proche du roman d’origine – même s’il a perdu quelques sacres et une part du monde intérieur de Manon  – ce quatrième long métrage de Luc Picard trouvera sans aucun doute les faveurs du public. Il faut dire que Les rois mongols regroupe plusieurs des ingrédients favorables au succès. Des bambins adorables capables d’une grande pugnacité face à l’adversité tout en sachant conserver la naïveté de leur jeune âge ; une trame sonore rassemblant plusieurs pièces musicales emblématiques du répertoire populaire québécois ; un rappel à notre rapport avec la religion catholique ; et bien entendu, un drame social qui fait largement écho dans l’imaginaire collectif. À partir de ces éléments porteurs, le comédien-réalisateur signe une Å“uvre consensuelle de facture classique, mais qui n’évite toutefois pas certains écueils. L’histoire offre une prémisse inédite en se plaçant à hauteur d’enfants pour dans le contexte des événements d’Octobre 70. Notre cinéma les a déjà mis en images, mais toujours comme étant une affaire d’adultes. C’est à mes yeux le point le plus intéressant du récit que d’avoir réussi à répliquer le procédé felquiste dans les faits et gestes de jeunes désireux de se ne pas suivre la voie que les parents décident pour eux. La séquestration de la mamie fait écho à l’enlèvement de Laporte, dont nous voyons la découverte du  corps par l’entremise d’archives télévisées.

Le scénario colle d’assez près au roman, en dehors de changements apportés à quelques scènes importantes (la fin de la cavale, entre autres) et de la suppression des caractères les plus « bruts » des personnages. Dans le livre, Manon, Mimi et leurs cousins ont un côté canaille, gamins de ruelles, qui n’est pas repris ici. Ils ont les traits d’enfants de bonne famille alors que leurs origines et le contexte de pauvreté dans lequel ils évoluent suggèrent le contraire. Ce polissage paraît étrange en comparaison de l’extrémisme des moyens qu’ils entreprennent pour se faire entendre. Cependant, et mis à part quelques pistes qui auraient pu être mises de côté (l’histoire d’amour qui semble vouloir se développer entre Manon et son cousin), le script reste le point fort du film.

Du côté de la réalisation, le résultat est plus mitigé. Outre son manque de rythme, principalement dans la première heure, Les rois mongols souffre d’une mise en scène empesée. Entre autres, soulignons l’utilisation surabondante de la musique, et un découpage schématique des chansons (début pièce > action > fin pièce). Une fois passe encore, mais six ou sept, ça devient redondant. Il aurait peut-être été nécessaire de laisser un peu plus de liberté aux images. La même remarque s’applique aussi aux incrustations qui fournissent des détails peu utiles à la compréhension. De plus, si la narration à la première personne peut faire merveille dans le contexte d’un roman, elle ne donne pas toujours les effets escomptés au cinéma. C’est le cas ici avec le commentaire en voix off de Manon qui ne fait que redire ce que l’écran montre déjà. Au rang des satisfactions, signalons l’habile direction d’acteurs qui nous révèle quatre jeunes comédiens impeccables dans leur manière d’exprimer tant la révolte que l’innocence.

Les rois mongols – Québec, 2017, 1h41 – Montréal, octobre 1970. Une jeune fille en révolte s’inspire des événements sociaux pour faire valoir son droit de ne pas être séparé de son petit frère qui risque d’être placé en famille d’accueil – Avec: Milya Corbeil-Gauvreau, Henri Picard, Anthony Bouchard, Alexis Guay – Scénario: Nicole Bélanger – Réalisation: Luc Picard – Production: Luc Chatelain, Stéphanie Pages – Distribution: Téléfiction Distribution & Marketing

Ma note: 

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Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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