Second long métrage de Denyse Benoît après La belle apparence (1979), Le dernier havre est adapté du roman éponyme d’Yves Thériault paru en 1970. Tourné en Gaspésie, ce drame psychologique épuré relate les derniers jours d’un vieux pêcheur, qui a décidé de larguer une dernière fois les amarres sur une vieille barque rafistolée.
Peu connu, oublié des livres d’histoire malgré une réception généralement favorable, Le dernier havre avait remporté le prix du public ex æquo lors de la 3e édition des défunts Sept jours du cinéma de Hull.
Critiques d’époque
En voulant avec raison éviter les difficultés que pose l’utilisation de la voix « off » au cinéma, la réalisatrice ne semble toutefois pas avoir su compenser le vide créé par l’élimination du rôle du narrateur, par lequel Yves Thériault devait très certainement compenser le mutisme des gens qui entourent Aldei. Ils n’expriment que les banalités du quotidien et, contrairement à Aldei, ne parviennent pas à travers les rôles passifs dans lesquels on les confine à donner de la densité au récit. Reste toutefois entière la beauté poétique du personnage lui-même et la justesse du jeu de Paul Hébert… (Léonce Gaudreault, Le Soleil, 29 novembre 1986, p. D3)
Paul Hébert fait vivre naturellement ce personnage astucieux et discret, avec des sautes d’humeur, oscillant entre le grincheux et le taquin. Aldéi est aussi convaincant dans ses brefs moments de désarroi que dans ceux où le regard pétille de triomphe. (Pierre Roberge, La voix de l’Est, 18 octobre 1986, p. 25)
Le rythme lent, peut-être trop respectueux, doublé d’une symbolique un peu lourde ne parvient pas à effacer la fluidité de ce récit. Il coule avec une grâce contenue. Comme tout le film repose sur l’interprétation de Paul Hébert, le jeu de ce dernier exige énormément de nuances. (Luc Perreault, La Presse, 1 novembre 1986, p. E22)
Résumé
Aldéi a donné toute sa vie à sa passion pour la pêche et y a même embarqué son fils, pêcheur lui aussi. Mais les temps ont changé, les méthodes également, et le vieil homme ne se sent plus dans son élément. D'autant plus que sa famille le prend pour fou et que son fils a profité de son absence pour vendre son petit bateau. Comme les vieux chevaux que l'on mène à l'abattoir, l'aristocrate de la mer a donc décidé de tirer sa révérence. Mais pas n'importe comment. L'occasion se présente à lui lorsqu'il découvre par hasard au pied d'une falaise une barque abandonnée. En cachette, il va se mettre à la retaper...
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Paul Hébert (Aldéi), Louisette Dussault (Micheline), Claude Gauthier (Paul), Robert Rivard (Flower), Jean-Marc Cereghetti (Aldéi à 13 ans), Jean Richard (le campeur), Marc Legault (Jalbert), Noel Moisan (Norbert), Rolland Bédard (Albert-Jos), Benoit Arsenault (Louis), Roxanne Babin (Rosalyne), Micheline Gauthier (la fille d'Albert-Jos), Émilien Rioux (le gendre d'Albert-Jos), Paul Sinier (le pêcheur rouquin), Marcel Huard (Gallager), Chloé Ste-Marie (la jeune fille aux yeux verts), Denyse Patry (la femme dans la rue)
Fiche technique
Genre: drame psychologique - Origine: Québec, 1986 - Durée: 1h21 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 9 octobre 1986 dans le cadre des Sept jours du cinéma de Hull - Sortie en salles: 24 octobre 1986 (Cinéma Berri) - Tournage: 25 juillet au 22 août 1985 et les 10, 11 et 12 janvier 1986 à Bonaventure et environs - Budget approximatif: 890 000$
Réalisation: Denyse Benoît avec la collaboration de Robert Vanherweghem - Scénario: Denyse Benoît d'après le livre d'Yves Thériault et Jean Pierre Lefebvre (conseiller à la scénarisation) - Production: Marc Daigle - Producteur délégué: Danny Chalifour - Société de production: ACPAV avec la participation financière de Société générale du cinéma du Québec, Téléfilm Canada, Radio-Québec - Distribution: Prima Film
Équipe technique - Costumes: Mary-Jayne Wallace - Décors: Hugues Tremblay - Montage son: Jean-Pierre Cereghetti - Montage images: François Dupuis – Musique: Alain Payette - Photographie: Robert Vanherweghem - Son: Esther Auger, Yves St-Jean
Infos DVD/VOD
Le dernier havre a été édité en format VHS, mais jamais en DVD. Le film est numérisé grâce au projet Éléphant - Mémoire du cinéma québécois.