Tourné en partie aux Bahamas, L’enfant d’eau est un drame québécois relatant la relation se développant entre une fillette de 12 ans et un simple d’esprit plus âgé qu’elle après qu’un accident d’avion les a laissés seuls sur une île déserte. Le film met en vedette Marie-France Monette, vue dans Matusalem et David La Haye, comédien découvert dans le film d’Yves Simoneau Dans le ventre du dragon. Il s’agit du sixième long métrage réalisé par Robert Ménard pour le cinéma.
« C’est incontestablement un drame pur, dans lequel se glissent tout de même quelques occasions de sourire. On est en présence d’un couple insolite, à ma connaissance jamais encore montré au cinéma. Cendrine est une petite fille supérieurement intelligente et dégourdie pour son âge, tandis qu’Ëmile a un corps d’homme, mais un âge mental de cinq ans tout au plus. C’est elle qui en vient à se sentir responsable de lui, et obligée de penser pour deux. Mais elle n’a que douze ans… (Robert Ménard à La Presse, 3 décembre 1994, p. C4)
« Beaucoup d’émotions à l’état pur vont passer par les seuls regards entre Cendrinne et Émile, les effleurements, les non-dits. Ça n’en fera pas pour autant un film lent, il se passe beaucoup de choses. » (Robert Ménard au Soleil, 3 décembre 1994, p. 1)
« C’est une histoire sur la solitude des gens. Ça ne ressemble à rien de ce qui s’est déjà fait au cinema québécois. Tout le récit, construit en flash-backs, part de l’âme » (Claire Wojas au Soleil, 3 décembre 1994, p. 1)
Présenté en compétition officielle, L’enfant d’eau avait remporté le prix du public, section films canadiens au Festival des films du Monde de Montréal de 1995. Le film fut aussi projeté au Festival of Festivals de Toronto, et à Namur au Festival international du film francophone, entre autres. L’année suivante, la composition de David La Haye fut saluée d’un Prix Génie.
Le film est aussi connu sous les titres Behind the Blue et Water Child.
Critiques d’époque
Des va-et-vient maladroits entre le passé et le présent usent notre patience dans le premier tiers du film. On s’y fait tout expliquer à gros traits, au lieu de laisser le drame entre les deux personnages principaux s’épanouir doucement et venir nous chercher subtilement. Bien sûr, les images sont jolies (difficile de faire autrement dans les Caraïbes), et David La Haye joue avec abandon, mais il faut plus pour faire un bon film. (Johanne Larue, Revue Séquences, Numéro 180, septembre–octobre 1995, p. 10)
Notre cinéma serait-il devenu amnésique? L’année du référendum sur la souveraineté du Québec, le tandem Robert Ménard et Claire Wojas accouche d’une fable à la Robinson Crusoé et à la Paul et Virginie qui réunit sur une île déserte un retardé mental et une jeune adolescente délurée. Bien sûr, il n’y a pas dans la vie de « petit » sujet (ici, le rapprochement de deux marginaux qui, à la suite d’une catastrophe aérienne, doivent apprendre à conjuguer leurs solitudes et à (sur)vivre au sein d’une nature hostile) et on ne voit pas pourquoi notre cinéma ne pourrait pas investir tous les genres. Mais encore faut-il que l’on sente à l’écran une réelle mise à l’épreuve du désir du cinéaste. (Gérard Grugeau, Revue 24 Images, Numéro 80, décembre 1995, janvier 1996, p. 58)
Résumé
Pris en charge par Thomas et Suzanne alors qu'il avait six ans, Émile n'a hélas pas eu la chance d'être normal. Attardé au grand coeur, le voilà à l'âge de 20 ans, batifolant dans l'herbe, parlant aux animaux et encore largement dépendant du contrôle strict de ses parents adoptifs.
Après une violente poussée de fièvre de Thomas, Suzanne décide de prendre du recul et d'emmener son fils voir la mer bleue des Caraïbes. Mais leur avion s'écrase, ne laissant pour survivants qu'Émile et Cendrine, une fillette de douze ans. Réfugiés dans une maisonnette inhabitée, ces deux êtres que rien ne rapproche vont devoir cohabiter pour s'en sortir. Peu à peu, Cendrine développe même une passion inavouable pour ce gentil benêt...
©Charles-Henri Ramond
Distribution
David La Haye (Émile), Marie-France Monette (Cendrine), Gilbert Sicotte (Thomas), Danielle Proulx (Pauline), Monique Spaziani (Suzanne), Michel Charette (Firmin), Matthew Dupuis (Émile, 6 ans), Manon Gauthier (Irène), Anne-Marie Laliberté (Audrey)
Fiche technique
Genre: drame - Origine: Québec, 1995 - Durée: 1h45 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 27 août 1995, Cinéma Impérial - Sortie en salles: 1 septembre 1995 - Tournage: Montréal, et îlot de Moriah Cay, au large de Great Exuma, durant 29 jours entre la mi novembre et fin décembre 1994 - Budget approximatif: 3,5 M$ - Entrées en salle (au Québec): 70 000
Réalisation: Robert Ménard - Scénario: Claire Wojas - Production: Robert Ménard, Roger Frappier - Producteurs associés: Claire Wojas, Yves Rivard, Nicole Lamothe - Sociétés de production: Vidéofilms, Max Films, ONF avec Téléfilm Canada, SODEC - Distribution: Film Tonic
Équipe technique - Costumes: Francesca Chamberland - Direction artistique: Jean-Baptiste Tard - Montage images: Michel Arcand – Musique: Richard Grégoire - Photographie: Michel Caron - Son: Serge Beauchemin
Infos DVD/VOD
L'enfant d'eau a été édité au Québec en format VHS, mais n'a jamais eu de transfert en DVD.