Réservoir est le premier long métrage réalisé par Kim St-Pierre, auteure du court Vodka canneberge, primé à Fantasia en 2010. Drame intimiste à budget très modeste, le film a été présenté en première mondiale au Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, avant de participer au Festival international du film de Trois-Rivières ainsi qu’au Festival international du cinéma francophone en Acadie. La sortie en salle a lieu le 6 décembre 2019, à Montréal, Québec et Sherbrooke.
Entrevue avec Kim St-Pierre
Le film concerne deux frères qui viennent de perdre leur père et qui décident de disperser ses cendres dans le réservoir Gouin, situé en Mauricie. D’où t’est venue cette idée ?
Je connais le réservoir Gouin parce que le père de mes enfants y est allé avec son frère justement pour y répandre les cendres de leur père. Ils n’ont jamais dit ce qui s’était passé durant ce voyage. C’est là que j’ai appris l’existence des bateau-maisons. L’idée du film m’est venue à ce moment ; je l’ai mise dans un tiroir dans ma tête. Après la séparation avec mon conjoint, je me suis retrouvée seule avec mes deux garçons. J’ai vécu une période sombre, j’ai arrêté de travailler pendant neuf mois. J’étais convaincue que je ne referais plus jamais de cinéma. Je trouvais ça futile. Je n’avais plus d’inspiration, plus le goût de voir de films. À cette période, je me questionnais énormément sur la spiritualité, sur le cheminement personnel. J’étais en mode introspectif, je me concentrais sur le passé et le présent tout en continuant d’espérer un avenir meilleur. Quand j’ai commencé à partager mes réflexions, je me suis rendu compte qu’une génération entière, un peu déboussolée, avait les mêmes questionnements.
Le vide spirituel, on en prend conscience dans les moments où on perd nos repères, soit lors d’une séparation, d’une perte d’emploi ou d’un proche. La religion a été complètement rejetée en seulement trois générations au Québec. Je ne crois pas qu’elle a été remplacée par une autre forme de spiritualité. Rien ne nous est enseigné ; c’est à chacun de faire son cheminement de son côté. Je me suis dit que ça, c’était une quête de cinéma : l’éveil de la spiritualité chez des personnages de mon âge. Je n’avais jamais vu ça au cinéma. Je crois que c’est à la fois très québécois et que ça peut être compris par beaucoup de gens dans le monde.
Comment s’est déroulé le tournage ? Il y a ce bateau-maison, central dans le film, qui a sûrement complexifié le tournage.
Le tournage a été assez particulier, dans la mesure où toute l’équipe était logée au même endroit. On a vécu ensemble trois semaines et demie en huis clos. Jean-Simon et Maxime étaient dans le même chalet, donc pratiquement 24 heures sur 24 ensemble. Une belle dynamique s’est créée entre eux. Oui, le film est un huis clos caché dans un road movie ! C’est incroyable, cette idée de se déplacer sur l’eau sans bouger. La maison symbolise un ancrage, une stabilité. Ses fondations sont solides. Mais ce n’est pas le cas pour ce bateau-maison à la dérive.
Le plan de tournage changeait presque tous les jours. Bien sûr, on n’avait aucun contrôle sur la météo, sur la pluie, les vagues, le vent, le froid. Avec notre budget modeste, on ne pouvait se permettre que deux jours d’imprévus. Nos vêtements étaient constamment humides, ce qui travaille l’endurance. L’expérience a été très exigeante physiquement, moralement et émotionnellement. On était tous loin de ceux qu’on aime, on vivait constamment ensemble, sans intimité. Je dirais même qu’on était tout autant captifs que les personnages ! Pour pouvoir rentrer chez soi, il fallait terminer le film ! (Rires)
Compte tenu de ces éléments imprévisibles, la météo, les bris de moteur, l’eau trop froide, je suis surprise que le film se tienne autant. Nous avons réussi à surmonter tous les obstacles qui se sont présentés à nous, avec, au bout de l’expérience, tout le matériel que nous avions besoin pour terminer le film.
Propos recueillis par Jason Béliveau, publiés dans le dossier de presse du film
Résumé
Après la mort soudaine de leur père, deux frères, Simon le musicien et Jonathan le militaire, décident de lui rendre un dernier hommage en allant disperser ses cendres près du chalet de pêche familial situé sur les berges du réservoir Gouin. Le hic c'est qu'ils n'ont aucune idée de l'emplacement exacte de la cabane, où, enfants, ils passaient de bons moments avec le défunt. À bord de leur bateau-maison loué pour l'occasion, ils voguent sans but précis. Le voyage sur ce plan d'eau immense et calme leur permettra-t-il de se rapprocher?
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Maxime Dumontier (Jonathan), Jean-Simon Leduc (Simon), Marco Collin (Steve)
Fiche technique
Genre: drame - Origine: Québec, 2019 - Durée: 1h27 - Cadre: 2.39:1 - Format tournage: 2K - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 27 octobre 2019, FCIAT - Sortie en salles: 6 décembre 2019 sur 3 écrans au Québec - Tournage: 15-17 août 2018, à Montréal et du 20 août au 8 septembre 2018 sur le Réservoir Gouin - Budget approximatif: 250 000 $
Réalisation: Kim St-Pierre - Scénario: Kim St-Pierre, Isabelle Pruneau-Brunet - Production: Julie Groleau - Société de production: Couronne Nord avec la participation financière de Téléfilm Canada (Fonds des talents), de L’inis, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Crédit d’impôt provincial, de La Fondation de L’inis (Fonds dédié à la mémoire de Michel Siry), de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, ainsi que grâce au partenariat de Post Moderne, Cinepool, la Pourvoirie La Galette, les Chalets Gouin et Mon Gym Privé - Distribution: Fragments Distribution
Équipe technique - Conception sonore: Benoît Dame - Direction artistique: Suzel D. Smith - Directrice de production: Virginie Nolin - Mixage: Benoît Dame - Montage images: Sophie Benoit Sylvestre – Musique: Eloi Ragot - Photographie: Natan B. Foisy - Son: Jean-Sébastien Beaudoin Gagnon
Infos DVD/VOD
Le film est disponible en vidéo sur demande sur les plateformes numériques Illico sur demande, Bell Fibe, Cogeco et iTunes depuis le 9 mars 2020.