Quarante longs métrages de fiction auront pris l’affiche en 2019. Comme par le passé, la distribution s’est scindée en deux grands groupes distincts. D’une part, une quinzaine de productions d’auteur à budget modeste, sortis dans des circuits limités à quelques salles entre janvier et mars [1]. D’autre part, une quinzaine de films plus ambitieux destinés à un large public, distribués dans des circuits un peu plus importants, entre septembre et décembre [2]. Hélas, malgré des campagnes publicitaires importantes, la flopée d’étoiles et de critiques presque unanimement élogieuses, plusieurs titres pourtant attendus n’ont pas réussi à trouver leur public.
Cet été, avec son titre incontesté de grand vainqueur du box office 2019, la comédie mettant en vedette Louis-José Houde à fait des merveilles, confirmant ainsi le statut de cinéaste « bankable » d’Émile Gaudreault, statut qu’il est à peu près le seul à pouvoir mettre de l’avant au Québec. Autre fait marquant de l’année, la double présence sur nos écrans du trio Archambault, Côté et Dolan.
Seize longs métrages de fiction ont été réalisés ou coréalisés par des femmes, à peu près le double de ce que l’on avait vu en 2018, et douze premiers longs métrages ont pris l’affiche, soit neuf de moins que l’an dernier. J’ai trouvé que la qualité d’ensemble a été un peu plus relevée que par le passé, et en tout cas plus homogène, mais cela n’a pas empêché certains de ces quarante films de disparaître très vite de la mémoire. Tandis que nous nous préparons déjà à accueillir la cuvée 2020, voici les cinq films québécois qui auront égayé mon année cinéphile. Merci pour tout Pascale, Alexandre, Émilie, Larissa et Martin!
[1] – moyenne de 7 écrans première fin de semaine pour les fictions sorties entre le 1 janvier et fin avril – [2] moyenne de 21 écrans pour celles sorties entre le 1 septembre et le 31 décembre.
5 – Impetus – Jennifer Alleyn
C’est quoi? À New York, dans un loft luxueux et calme, un québécois s’occupe de l’iguane des résidents partis en vacances.
C’est comment? Évoluant entre documentaire et fiction, le film repose sur une subtile mise en abyme du cinéma – chose assez rare dans le corpus québécois – qui nous rapproche des difficultés de concevoir un film avec peu de moyens sur une longue période de temps, ce qui fut le cas ici. Un retour probant à la barre d’un long métrage pour la réalisatrice Jennifer Alleyn après dix ans d’absence. On souhaite vivement qu’elle puisse en réaliser un autre film très prochainement. Détails et bande annonce
4 – Alexandre le fou – Pedro Pires
C’est quoi? Quinze ans après qu’une crise psychotique en mer de Chine ait fait basculer son existence, Alex, schizophrène raffiné et sensible, est à la croisée des chemins.
C’est comment? On n’a pas suffisamment parlé de ce petit bijou de docu-fiction du réalisateur de Danse macabre, distribué en plein cœur d’un automne redoutable, surchargé, ne laissant à aucune œuvre le temps de se développer un auditoire. Dommage aussi que sa courte durée (64 minutes) ne lui ait pas donné la chance d’être considéré comme un grand film, ce qu’il est pourtant.
3 – Une colonie – Geneviève Dulude-De Celles
C’est quoi? Dans la région d’Odanak, une jeune fille apprend les choses de la vie, découvre l’autre en même temps qu’elle en apprend plus sur elle-même..
C’est comment? C’est une chronique adolescente juste et sensible dotée de plusieurs scènes émotionnellement très riches. Une colonie repose en grande partie sur les épaules de la déjà très mature Émilie Bierre, découverte il y a six ans dans Catimini de Nathalie Saint-Pierre. La comédienne est tout simplement éblouissante dans la peau de cette enfant renfermée ne désirant qu’une chose : se faufiler hors des conventions pour se frayer un chemin bien à elle. Détails et bande annonce
2 – Répertoire des villes disparues – Denis Côté
C’est quoi? Dans un village perdu au creux de l’hiver, d’étranges événements surviennent. La mairesse et tout son équipage se retrouvent face au mystère, à l’altérité et, ultimement, à leurs peurs les plus profondes.
C’est comment? On peut concevoir ce onzième long métrage du réalisateur de Curling comme une œuvre-somme, on peut aussi y trouver une nouvelle approche, en parfaite cohésion avec les thèmes qui lui sont chers. Et sans aucun doute la suite logique d’une démarche originale et dénuée de compromis. Détails et bande annonce
1 – La grande noirceur – Maxime Giroux
C’est quoi? Pour échapper à la conscription, un déserteur québécois, imitateur de Charlie Chaplin, a trouvé refuge dans le désert californien. Alors qu’il tente de regagner ses pénates, un événement troublant se produit.
C’est comment? Véritable coup de cœur 2019 que cette Grande noirceur, qui n’a rien de la facilité d’approche de la série B traditionnelle. Au contraire, c’est un film très dense, en tout cas très cérébral, où il ne faut pas simplement regarder l’image pour la déchiffrer. Chaque plan, chaque rebondissement et chaque personnage sont porteurs d’une signification cachée et de nombreuses métaphores. Un pur moment de cinéma. Détails et bande annonce