Une amie d’enfance est une comédie satirique réalisée par Francis Mankiewicz à partir d’un scénario tiré de la pièce de théâtre éponyme de Louis Saïa et Louise Roy, qui avait connu un beau succès au Théâtre Quat’sous à Montréal l’année précédente. Tourné en 1977 avec un modeste budget, ce film marque le retour à la fiction du réalisateur du célèbre Les bons débarras après avoir signé quelques documentaires sociaux. Léger et anodin, Une amie d’enfance tourne en ridicule les moeurs dévoyées de la petite bourgeoisie québécoise, protégeant ses apparences bien à l’abri dans leur propret pavillon de banlieue. Le film propose une réfléxion minimale mais bien présente sur l’isolement du Québécois, à travers le personnage de Coco, resté handicapé suite à accident de moto. Plusieurs éléments traités ici (les apparences, le qu’en-dira-t-on) étaient également au coeur de Les beaux dimanches, de Richard Martin (1974).
À l’instar de ce qu’il avait démontré dans Le temps d’une chasse (1972), Mankiewicz signe une oeuvre pleine d’entrain, proche du peuple et portée par un regard à la fois amusé et critique sur la condition humaine.
À noter pour la petite histoire que lors du lancement du film, le distributeur avait présenté Une amie d’enfance comme une suite à la comédie de fesses Deux femmes en or, ce qui rendit Mankiewicz particulièrement amère.
Critiques d’époque
On se retrouve ici face à un dialogue d’une richesse et d’une vigueur absolument remarquables. Une amie d’enfance est un film que l’on prend plaisir avant tout à entendre; c’est pourquoi il faut pouvoir écouter très attentivement les succulentes trouvailles verbales et les astuces de langage des deux auteurs de la pièce. (Jean-Pierre Tadros, Le Devoir, 28 octobre 1978, p. 26)
Mankiewicz et ses deux scénaristes ont évité avec relativement de succès le piège du théâtre trop filmé ». Le rythme très allègre fait oublier certaines cassures entre des sequences dont la composition et l’élaboration rappellent des « actes ». L’accent mis sur les gros plans et les plans moyens suscite l’inévitable intimité avec les personnages, bien qu’on eut souhaité une caméra moins « plantée », moins statique. (Claude Daigneault, Le Soleil, 25 novembre 1978, p. E4)
Résumé
Par un bel après midi d'été, Angèle rencontre sa bonne amie Solange qu'elle n'a pas vue depuis des lustres. Elle l'invite à souper. Gaston, le mari d'Angèle, n'a d'autre choix que de tout faire pour que les apparences soient sauves. Solange arrive flanquée de son chum Coco, un réparateur automobile légèrement retardé. Au fil de la soirée, l'alccol aidant, les couples se rapprochent. Devant la fougue et les charmes de Coco et Solange, Angèle et Gaston tentent de réprimer leurs instincts...
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Jean-Pierre Cartier (Gaston), Pauline Lapointe (Solange), Pauline Martin (Angèle), Jean-Guy Viau (Coco)
Fiche technique
Genre: comédie - Origine: Québec, 1978 - Durée: 1h30 - Images: 16mm, couleurs - Langue V.O.: Français - Visa: général - Première: xxx - Sortie en salles: 20 octobre 1978 sur 4 écrans à Montréal - Tournage: du 22 août au 9 septembre 1977 à Montréal - Budget approximatif: 160 000 $
Réalisation: Francis Mankiewicz - Scénario: Louise Roy, Louis Saïa, d'après leur pièce éponyme - Production: Jean Salvy - Productrice déléguée: Francine St-Jean-Gagné - Société de production: Productions du Verseau, avec la participation financière de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (SDICC) - Distribution: Les Films Mutuels
Équipe technique - Asst réal.: France Lachapelle - Décors: François Séguin - Mixage: Michel Descombes - Montage images: André Corriveau – Musique: Bernard Buisson - Photographie: François Gill - Prise de son: Jacques Blain
Infos DVD/VOD
Une amie d'enfance a été restauré par Éléphant, mémoire du cinéma québécois. Le film est disponible sur Illico et iTunes.