Eva Guerrillera – Film de Jacqueline Levitin

Portrait intimiste d’une femme déterminée, impliquée dans la lutte contre l’injustice au Salvador

Angela Roa (Eva) dans le film Eva Guerrillera de Jacqueline Levitin (la jeune femme pointe un pistolet face à elle)

Angela Roa (Eva) dans le film Eva Guerrillera de Jacqueline Levitin

Après le documentaire Not Crazy Like You Think, Jacqueline Levitin s’essayait à la fiction avec Eva Guerrillera, un drame intimiste traçant le portrait d’une Salvadorienne ayant choisi la lutte armée. Il s’agit du dernier film réalisé au Québec par cette réalisatrice d’origine américaine qui à l’époque du tournage était enseignante en cinéma à l’Université Concordia de Montréal.

La jeune chanteuse chilienne Angela Roa – qui avait immigré au Québec avec sa famille à la fin des années 1970 – incarnait cette femme déterminée réfugiée à Montréal pour échapper aux tortures imposées dans son pays. Bien que fictionnel, le film est inspiré de faits vécus et recèle plusieurs séquences tournées en mode documentaire.

« J’ai voulu montrer que celles qui ont tué pour une cause n’ont pas perdu leur sens de la tendresse ou leur féminité. Ces guérilleros sont des gens dignes qui mènent une lutte qu’il faut respecter. Je ne veux pas faire de cinéma « pancartiste »… Je veux poser des questions, présenter des choses qui peuvent faire réfléchir le spectateur. » (Jacqueline Levitin)

Eva Guerrillera avait été présenté en première mondiale en septembre 1987 à Toronto, dans sa version anglaise. D’ailleurs, il est à noter que le film, malgré son budget très modeste, a été tourné deux fois (« double shooting »): dans une version espagnol/français et dans une version espagnol/anglais.

Citation ci-dessus publiée dans La Presse, 8 novembre 1988, p.E1

Introduction du film par la cinéaste

Bien qu’Eva parle de guerre, ce n’est pas un « film de guerre ». Il enquête sur l’aspect intime de la guerre – ce que cela fait de tirer sur quelqu’un et de réaliser que cette personne est morte, ou de jongler avec la politique de libération et les relations avec la famille, les amoureux et les amis. Eva a rejoint la révolution au Salvador alors qu’elle était étudiante. La guerre est tout ce qu’elle connait depuis une décennie. Mais dans le film, un seul coup de feu est tiré. Ce qui fait toute l’histoire du film, c’est l’expression de terreur que l’on peut lire sur le visage d’Eva qui a tiré avec le pistolet.

Ma recherche n’était pas axée sur le réalisme conventionnel, mais plutôt sur un « effet de réalisme » qui naît d’une imagination stimulée. Pour cela j’ai mélangé authenticité et évocation. Par exemple, une prison nicaraguayenne réelle, mais maintenant abandonnée, a servi de lieu de tournage pour les scènes d’emprisonnement. Les mauvaises herbes avaient envahi les murs, mais une étrangeté évocatrice émanait encore des cellules où des tortures avaient autrefois eu lieu. Dans cet espace simulé, la caméra croise des gardes en uniformes reproduits avec précision. Un acteur-gardien m’a dit plus tard qu’il avait été prisonnier à cet endroit même. La musique du film comprend des chansons du mouvement de libération et un poème chanté par Angela, écrit par un guérillero tragiquement tué par ses camarades qui le considéraient à tort comme un traître.

Traduction libre du texte de la cinéaste disponible sur son site web: http://www.jacquelinelevitin.com/eva-guerrillera-2/

Résumé

Il y a dix ans, Eva, étudiante en médecine au Salvador, abandonne son milieu bourgeois en 1978 pour se joindre à l'armée de libération. Aujourd'hui, elle vit au Québec, loin de la répression de son pays natal. Louise, journaliste montréalaise, fait sa connaissance alors qu'elle est en train de faire un reportage sur des femmes qui, dans différentes régions du monde et à des époques diverses, se sont impliquées dans la lutte armée. Eva, qui souhaite ardemment retourner au combat, accepte de relater son parcours.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Angela Roa (Eva), Carmen Ferland (Louise)

Fiche technique

Genre: drame - Origine: Québec, 1988 - Durée: 1h18 - Langue V.O.: Espagnol et Français / Espagnol et Anglais (deux versions originales existent) - Visa: Général - Première: 17 septembre 1987, Festival of Festivals de Toronto (version anglaise) ; 31 octobre 1988 à la Cinémathèque québécoise (version française terminée) - Sortie en salles: 3 novembre 1988 (version française) sur un écran à Montréal (Cinéma Parallèle) ; février et mars 1989 à Ottawa, Toronto et Vancouver (version anglaise) - Tournage: 24 octobre au 2 novembre 1986 et 7 décembre 1986 à Montréal ; 12 décembre 1986 au 20 janvier 1987 au Nicaragua - Coût approximatif: 270 000 $

Réalisation: Jacqueline Levitin - Scénario: Jacqueline Levitin avec la collaboration de Anna Fuerstenberg- Production: Jacqueline Levitin - Productrice déléguée: Chantal Lapaire - Société de production: Soleil Films inc. avec la participation financière de Téléfilm Canada, SOGIC, ONF, Sevice des arts médiatiques du Conseil des arts du Canada, Université Concordia - Distribution: Les films du crépuscule (VF)

Équipe technique - Costumes et Maquillages: Kina - Direction artistique: Karine Lepp - Mixage: Michel Descombes - Montage images: Hervé Kerlann, Jacqueline Levitin – Montage son: Richard Comeau - Musique: Barry Goold - Photographie: Jean-Charles Tremblay, German Guttierez (asst) - Prise de son: Juan Guttierez, Catherine Van Der Donkt (asst)

Affichiste: Robert Gaboury

Infos DVD/VOD

Au Québec, Eva Guerrillera a été édité en format VHS, mais n'a jamais été transféré sur DVD ni en format numérique.

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Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

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