Coproduit par le Québec et la France, tourné au Mont-Saint-Hilaire au début de l’année 1971, La maison des amants est un film de sexploitation relatant la descente aux enfers d’une jeune nymphomane et d’un père de famille convenable lors d’une soirée de folie et de débauche.
Basé sur un scénario du Canadien Patrick Cummings, cet obscur objet de cinéma bis québécois cofinancé par la SDICC (l’ancêtre de Téléfilm Canada) a été réalisé par le Français Jean-Paul Sassy, qui avait signé auparavant le drame La peau et les os avec Gérard Blain (1961) et la comédie familiale Le petit monstre avec Poiret et Serrault (1964). Le film est sorti sur deux écrans montréalais en novembre 1972, dans l’indifférence générale et sous les quolibets des quelques critiques à s’être penché sur son cas.
La maison des amants met en avant les charmes de l’affriolante Hongroise Anna Gyarmathy, épouse de l’excentrique aristocrate anglais Alexander George Thynne, a.k.a. Marquess of Bath. Connue par les amateurs du genre sous le nom d’Anna Gael (ou Anna Gaël), Gyarmathy a surtout fait carrière dans le cinéma d’exploitation et pornographique européen avant de réorienter sa carrière dans le journalisme comme correspondante de guerre. À ses côtés, on retrouve le comédien Benoît Girard (1932-2017), popularisé par ses apparitions dans plusieurs pièces de théâtre du répertoire classique ainsi que dans des téléfilms et téléséries de Radio-Canada (« Radisson », « Septième Nord », « Le Survenant »…). À noter aussi que ce film est le tout premier long métrage de l’actrica américaine Blair Brown, qui jouera plus tard dans The Paper Chase, Altered States ou The Astronaut’s Wife.
Avant d’ëtre commercialisé sous son titre officiel recensé par la Régie du cinéma du Québec, La maison des amants a porté diverses appellations dépendamment de ses étapes de productions (Devil’s Love, L’amour du diable, L’amoureuse, Love of Evil ou Girl on the Loose), mais c’est grâce à ses titres français L’obsédée sexuelle ou Brutalités amoureuses qu’il survit encore dans quelques mémoires et bases de données. Désormais invisible, le film avait été présenté au marché du film à Cannes en mai 1972. Il n’est cependant sorti en France que trois ans plus tard.
Critiques d’époque
On se demande après avoir vu un tel film, quelle est l’idée de créer et de faire vivre et mourir des personnages aussi grossièrement méchants ou déséquilibrés. (Georges-Hébert Germain, La Presse, 9 novembre 1972, p. D3)
J’ai rarement vu un film aussi insignifiant, aussi vide de sens et pour tout dire pas intéressant à tous égards que cette production franco-canadienne qui déshonore et le cinéma français et le cinéma québécois, et, partant, le cinéma tout court qui ne méritait pas « la Maison des amants ». Une vraie honte nationale pour le cinéma francophone. (Manuel Maître, La Patrie, semaine du 19 au 25 novembre 1972, p. 43)
Résumé
Catherine s'évade de la clinique psychiatrique oũ elle était internée après avoir tué l'infirmière chargée de sa surveillance. Après avoir erré dans les bois, elle se réfugie dans une maison isolée qui semble inhabitée. Sur les entrefaits, David, le propriétaire, rentre chez lui. Il ne tarde pas à se sentir attiré par la belle aux seins nus et au comportement étrange. Munie d'un long coupe-papier en forme de poignard, elle séduit ce père de famille tranquille et convenable et l'entraîne dans une sorte de transe sadomasochiste délirante et incontrôlable. Et voilà que des amis de Catherine font irruption à leur tour. Une orgie s'ensuit. La spirale de sexe et de folie qui s'est mise en marche ne peut trouver sa conclusion que dans la mort.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Anna Gaël (Catherine), Benoit Girard (David), Jean Leclerc (Claude), Picaud (Chris), Paula Stromberg (Fancy), André Cartier (Luc), Blair Brown (Jo-jo), Gordon Warren (Georges), Micheline Gérin (Françoise), Laurie Waller (Martine), Julie Wildman (Virginia)
Fiche technique
Genre: film de sexploitation - Origine: coproduction Québec-France (70%-30%), 1972 - Images: 35mm, Eastmancolor - Durée: 1h22 - Langue V.O.: Anglais - doublé en français - Visa: 18 ans et plus - Première: 8 novembre 1072, Cinéma Le Parisien - Sortie en salles: 10 novembre 1972 sur 2 écrans à è Montréal (Le Parisien, Greenfield Park), sortie en France: 10 septembre 1975 - Tournage: Mont-Saint-Hilaire, janvier-février-mars 1971 - Budget approximatif: NC
Réalisation: Jean-Paul Sassy - Scénario: Patrick Cummings - Production: Jean Duval, Michel Gast - Sociétés de production: Productions Transcinema ltee (Québec), Société nouvelle de doublage (France) avec la participation financière de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (SDICC) - Distribution: Cinépix
Équipe technique - Montage images: Alexandre Crosthwait – Musique: Laurent Petitgirard - Photographie: Paul van der Linden - Son: Henri Blondeau
Infos DVD/VOD
La maison des amants n'a jamais été édité en format cinéma-maison (VHS ou DVD) au Québec.