Peu connu du grand public car très rarement montré, Les yeux rouges (titre complet : Les yeux rouges ou les vérités accidentelles) est le deuxième long métrage d’Yves Simoneau, après Les célébrations, réalisé en 1979. Dans l’histoire du cinéma québécois, ce film est reconnu pour être l’un des tout premiers films de genre québécois francophones, d’ordinaire centré sur les drames ou les chroniques intimistes. Autre intérêt du film, le scénario s’inspire largement de l' »automne chaud” qui eut lieu en 1979 à Québec. À l’époque, la ville de Québec avait vécu dans une sorte de psychose collective provoquée par une série sans précédents de cas de voyeurisme, d’incendies criminels, d’agressions sur des femmes, pour culminer avec le meurtre sordide d’une jeune comédienne de théâtre, France Lachapelle, violée et étranglée dans son appartement auquel l’assassin avait ensuite mis le feu.
Le jeune cinéaste – il avait 27 ans seulement – avait pu réaliser Les yeux rouges après avoir remporté un concours de scénario lancé par l’Institut québécois du cinéma, la SDICC et Radio-Canada.
Une version doublée en anglais avait circulé sous le titre The Red Eyes or Accidental Truths.
Mot du réalisateur
J’ai fait une enquête assez poussée dans les milieux policiers et journalistiques de Québec au sujet de ces événements. J’ai parlé longuement avec le journaliste Eddy Labrie du “Journal de Québec”. Parce que ce journaliste avait rapporté quotidiennement et très crûment les faits. Il a été très honnête et direct vis-à-vis de son travail. Je continue cependant de penser que la presse joue un rôle discutable face à ces sortes d’événements dramatiques. C’est pour ça que je n’hésite pas à faire dire au journaliste dans le film: « Londres a eu son éventreur, Boston, son étrangleur… Moi, j’ai mon voyeur…
Le film veut changer les stéréotypes auxquels nous ont habitués les Américains: le policier au grand coeur, redresseur de tort, le journaliste courageux qui découvre le complot et l’étale, les victimes terrorisées, l’assassin qui fait peur à tout le monde. Dans “Les yeux rouges”, la police piétine et n’est pas reluisante tout le temps, le journaliste profite de la situation et au moins deux victimes se défendent et sont des femmes qui n’ont pas froid aux yeux…
Extraits d’une entrevue accordée à Louis-Guy Lemieux, dans Le Soleil, 13 novembre 1982, p. D-1
Critiques d’époque
L’inexpérience, la maladresse de Simoneau sautent aux yeux. Le film piétine, zigzague, rebondit, cahote… On saute d’un personnage à l’autre. Où va-t-on? On voit les trous, les invraisemblances, les naïvetés. Un cinéaste plus expérimenté aurait caché tout ça. Bien des films signés de noms célèbres ne sont que camouflage. (Serge Dussault, La Presse, samedi 20 novembre 1982, p. 16)
Sans chercher midi à quatorze heures, il a su nous concocter un bon petit suspense, ce qui peut déjà être considéré comme une réussite. Sans céder à la facilité de la violence gratuite, il arrive à nous inquiéter et à nous intéresser du début à la fin. Les comédiens sont bons, dans l’ensemble, mais ont une forte tendance à « jouer télévision ». (Francine Laurendeau, Le Devoir, samedi 20 novembre 1982, p. 24)
Résumé
Profitant d'une vague de violence qui agite une petite ville, un individu décide de régler ses comptes personnels. Les multiples indices que la police découvre et le battage publicitaire exagéré que la presse effectue autour de l'événement contribueront, durant un moment à brouiller les pistes. Une jeune femme, Marie-Josée, se retrouvera, malgré elle, mêlée à toute cette histoire. Échappant de justesse à une agression de celui qu'on surnomme "le voyeur", elle sera à l'origine du dénouement de l'histoire.
Synopsis officiel
Distribution
Marie Tifo (Marie-Josée), Jean-Marie Lemieux (Léopold Latour), Pierre Curzi (Bertrand Houle), Raymond Bouchard (Édouard Lambert), Denise Proulx (Mme Noreau), Pierrette Robitaille (Colette), Rémy Girard (Henri-Paul), Gaston Lepage (Lucien), Micheline Bernard (Catherine Rondeau), Jean-René Ouellet (Louis), Muriel Dutil (Mme Royer), Denise Gagnon (Sonia), Paul Hébert (Thomas), Serge Thibodeau (Georges St-Georges), Bob Walsh (Adrien), Yves Bourque (Le voyeur)
Fiche technique
Genre: suspense policier - Origine: Québec, 1982 - Durée: 1h29 - Langue V.O.: Français - Images: 16mm, couleurs - Visa: Général - Première: septembre 1982, Rendez-vous d'automne du cinéma québécois - Sortie en salles: 12 novembre 1982, sur un écran à Québec (Cinéma de Paris) et un à Montréal (Desjardins) - Tournage: automne 1981, à Québec (Limoilou, Saint-Jean-Baptiste, Quartier latin) - Budget approximatif: 340 000 dollars
Réalisation: Yves Simoneau - Scénario: Yves Simoneau - Production: Doris Girard - Société de production: Les Productions Le Loup Blanc avec la collaboration financière de l'Institut québécois du cinéma (IQC), Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (SDICC) - Distribution: Les Films du Crépuscule
Équipe technique - Décors: Denis Denoncourt - Montage images: André Corriveau – Musique: Maneige, Alain Bergeron, Yves Léonard - Musique additionnelle: Bob Walsh - Photographie: Claude LaRue - Son: Marcel Fraser
Infos DVD/VOD
À notre connaissance, Les yeux rouges n'a jamais été édité en format DVD au Québec - Le film a été restauré et numérisé par Éléphant, mémoire du cinéma québécois.