Noémie dit oui – Film de Geneviève Albert

Premier long métrage de la réalisatrice qui aborde le délicat sujet de la prostitution juvénile.

https://www.filmsquebec.com/wp-content/uploads/noemie-dit-oui_genevieve-albert_affiche.jpg

Noémie dit oui est un drame de moeurs écrit et réalisé par Geneviève Albert, qui signe là son premier long métrage de fiction, après les courts Reviens-tu ce soir? (2008) et La traversée (2011). Mettant en vedette Kelly Depeault (La déesse des mouches à feu), le film relate la descente au enfers d’une adolescente qui se laisse entraîner dans le milieu de la prostitution bien malgré elle, après avoir été rejetée par sa mère.

Le film est présenté en première lors de la soirée d’ouverture des Rendez-vous Québec Cinéma, puis sort en salle le 29 avril 2022.

Mot de la réalisatrice

La prostitution s’est imposée naturellement comme matériau pour mon premier long-métrage de fiction Noémie dit oui. C’est une réalité qui me bouleverse et dont je m’explique mal la présence dans notre société. Comment se fait-il que cette transaction qui cause tant de torts aux personnes prostituées soit globalement tolérée, ici comme ailleurs? Ma révolte face à la prostitution est proportionnelle à la violence vécue par les femmes et les hommes qui se livrent à cette activité : la violence des relations sexuelles non désirées, la violence du nombre de clients, la violence de la négation de soi, la violence d’être achetée, la violence de notre silence collectif.

Avec Noémie dit oui, c’est d’abord toutes ces déclinaisons de violence que j’ai voulu porter à l’écran. J’ai souhaité faire de cette œuvre une expérience physique qui nous immerge dans le supplice que vit Noémie en étant escorte pendant le Grand Prix. Cette idée se matérialise, entre autres, dans l’enchainement des nombreux clients que Noémie reçoit dans sa chambre d’hôtel. À l’instar de Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) d’Akerman ou de Deux jours, une nuit (2014) des Dardenne, j’ai usé du dispositif de la répétition pour délaisser le champ de la compréhension afin de pénétrer celui du ressenti.

Pour filmer les scènes de prostitution, j’ai choisi de pointer ma caméra vers les clients de Noémie. Ainsi, s’ils jouissent habituellement d’une invisibilité dans la société, les clients sont de chair et de sang dans mon film : ils ont un visage, un corps, une voix. Ils sont concrets, ils sont ordinaires, ils sont nombreux. Ce parti pris de la répétition conjuguée à une mise en scène frontale rend ardues voire insoutenables les scènes de prostitution. Et c’est là tout le propos de Noémie dit oui. L’instant d’un film, j’ai voulu qu’on ne puisse pas ignorer l’horreur. Qu’on ne puisse pas s’en détourner.

L’autre dimension que j’ai voulu explorer avec Noémie dit oui, c’est celle du consentement, d’où mon titre. Après une énième déception causée par sa mère, le fossé qui sépare Noémie de la prostitution se pulvérise. Mais quelle est la nature de sa décision? Où tracer la ligne entre céder et consentir? Suffit-il de dire oui pour consentir? Et à partir de quel âge le choix de la prostitution devient-il valable? Que vaut, par exemple, le consentement d’une escorte de 20 ans qui a débuté à l’âge de 15 ans? Tous ces questionnements m’ont guidée pour écrire mon scénario qui ausculte les contours flous de la notion de consentement.

Si j’ai choisi d’établir mon histoire pendant le Grand Prix, c’est parce qu’il s’agit de la période la plus achalandée en ce qui concerne le tourisme sexuel à Montréal. Durant cette fin de semaine, les centres jeunesse peinent à retenir les adolescentes qui fuguent pour aller combler la demande en services sexuels. De nombreuses jeunes filles s’y prostituent pour la première fois. Comme Noémie. J’ai donc trouvé intéressant de camper ce film dans un cadre sociétal plus large et de transformer le drame personnel de Noémie en un constat accablant sur le plan collectif. Cet évènement sportif m’a aussi grandement inspirée sur le plan formel. Les courses de monoplaces, c’est le vacarme incessant des voitures versus le silence de la chambre d’hôtel; c’est la médiatisation à grande échelle de l’évènement versus l’invisibilité de la prostitution; ce sont les fastes festivités versus le drame reclus de Noémie.

Mot de la réalisatrice extrait du dossier de presse du film fourni par K-Films Amérique

Trame sonore

« Ne t’en fais pas »: Michèle Richard / « Chacun son récit »: White-B / « Copilote »: Fouki feat. Jay Scott / « Smoke & Dedication »: Exky feat. Lartis / « On Run Things »: Eman / « Fantaisie »: KNLO feat. Sevdee & Modlee / « This Mess »: Random Recipe / « Burn Ruff »: Pandémique, Frannie Holder / « Big Bag »: Mike Shabb & Vnce Carter / « Rien »: Enfants sauvages / « Fight the Feeling »: Random Recipe / « Run My Shit »: Mindflip / « Paperview »: Mosez Jones / « Doo Wop »: Dead Obies / « Satellite »: Marcus Paquin / « Shut It Down »: Tyleen / « Oui (Weekend) »: Lova / « O Canada »: Michelle et Monique Creber / « Up! »: Debbit Tebbs feat. Misteur Valaire / « Original Chilleur »: Connaisseur Ticaso / « Love Crash »: Pandémique, Frannie Holder

Résumé

Noémie (15 ans) vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue en quête de sens et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle y rencontre Zach qui lui propose rapidement d'être escorte le temps d'un weekend.

Synopsis officiel

Distribution

Kelly Depeault (Noémie), James-Edward Métayer (Zach), Emi Chicoine (Léa), Maxime Gibeault, Myriam DeBonville, Joanie Martel, Fayolle Jean Jr.

Fiche technique

Genre: Drame de moeurs - Origine: Québec, 2022 - Durée: 1h56 - Langue V.O.: Français - Visa: 16 ans et plus - Première: 20 avril 2022, RVQC - Sortie en salles: 29 avril 2022 - Tournage: 12 mai au 29 juin 2021, pendant 29 jours, à Montréal - Budget approximatif: 1,5 - 2,5 M$

Réalisation: Geneviève Albert - Scénario: Geneviève Albert - Production: Patricia Bergeron - Société de production: Productions Leitmotiv avec la participation financière de Téléfilm Canada, SODEC, Le Fonds Harold Greenberg, Conseil des arts et des lettres du Québec, ChopChop, MELS, Radio-Canada, Super Écran, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux - Distribution: K-Films Amérique

Équipe technique - 1ere assistante à la réalisation: Marie-Alexandre Kérouac - Costumes: Renée Sawtelle - Direction artistique: Ludovic Dufresne - Mixage: Luc Boudrias - Montage images: Amélie Labrèche - Montage son: Sylvain Bellemare, Francis Gauthier – Photographie: Léna Mill-Reuillard - Prise de son: Dominik Heizmann, Simon-Olivier Richer

Infos DVD/VOD

Disponible en vidéo sur demande (VSD) à compter du 23 août 2022 et en DVD à partir du 4 octobre 2022.

Qui sommes-nous ?

Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

Catégories

Archives