Films du Québec

Babysitter est le deuxième long métrage réalisé par Monia Chokri, après La femme de mon frère sorti en 2019. Il s’agit d’une comédie satirique aux allures baroques abordant divers enjeux contemporains, tels que le sexisme ordinaire, les rapports de domination homme-femme ou la prépondérance des réseaux sociaux. Le scénario est signé par Catherine Léger (autrice de Charlotte a du fun et La déesse des mouches à feu) d’après sa pièce Baby-sitter, présentée au théâtre de La Licorne en 2017.

Tourné en pellicule 35mm, Babysitter relate les péripéties d’un ingénieur nouvellement papa qui se retrouve au chômage après avoir posé un geste déplacé. Son frère journaliste l’encourage à se remettre en question ce qui va l’amener à affronter sa misogynie. L’arrivée dans leur vie d’une babysitteur sexy chamboule les certitudes.

Présenté en première mondiale dans la section Midnight au Festival du film de Sundance en janvier 2022, Babysitter est sorti en avril sur le territoire français, où il n’a connu qu’un modeste succès (20 000 entrées en salle en cinq semaines d’exploitation) en dépit de critiques majoritairement positives. Babysitter prend l’affiche au Québec à compter du 3 juin 2022.

Mot de la réalisatrice

On a tourné le film à la mi-août, en 2020, alors qu’on sortait de confinement. On était dans l’expérimentation la plus totale, et les conditions, comme je le disais plus tôt, étaient très rigides. Les mesures sanitaires étaient extrêmement sévères. Ça a évidemment été une source de stresse, parce que qu’il y avait aussi des bébés sur le plateau. On ne peut pas jeter un bébé dans les bras d’un acteur et dire « action » ! Il faut passer du temps avec le bébé, l’apprivoiser… Et puis, il est sage quand il doit pleurer ou il dort quand il doit être réveillé… Bref, au regard du tournage de La Femme de mon frère, l’expérience était plus rude, mais, l’un dans l’autre, on s’est accommodés de la situation et on a essayé de faire des contorsions pour que ça ne se sente jamais dans le film. L’avantage dirais-je, c’est que le film est un semi huis-clos dans la maison de Nadine et Cédric et, comme dans La Mort du cerf sacré de Lanthimos, les personnages ne sont jamais très proches les uns des autres. Le côté conte me permettait d’explorer quelque chose de plus figé chez les personnages, de moins quotidien. Pour ce qui est de jouer dans le film, au départ, je ne pensais pas le faire. Je fais du cinéma, je réalise par envie de réaliser, pas par envie de jouer. C’est Catherine et le producteur qui m’ont écrit pour me dire qu’ils pensaient que je devais jouer Nadine, et comme ce n’est pas un scénario que j’ai écrit, je me suis laissé convaincre. Mais quand je tourne, quand je me tourne moi-même je veux dire, je prends très peu de plaisir à jouer, parce que je n’ai pas de regard sur moi, donc au bout de quatre prises, j’en ai marre, alors que j’adore travailler avec les acteurs et chercher des choses avec eux. J’envoyais les rushs à ma monteuse qui était à Paris, et c’est elle qui m’a demandé d’être plus généreuse avec moi-même. Au final, le défi était intéressant, mais je ne pense pas à l’avenir que je rejouerai des personnages aussi importants dans mes films. Je ferai peut-être des apparitions.

Mot de la réalisatrice extrait du dossier de presse français du film