Il y a un an, le comédien Michel Côté s’était retiré de la vie publique pour se concentrer sur son combat contre une maladie de la moelle osseuse. Ce matin, c’est avec une grande tristesse que nous avons appris son décès, à l’âge de 72 ans. Subitement, les quelques lignes du communiqué de presse nous ont fait remonter dans le temps, ramenant à la surface de nombreuses images inoubliables de celui qu’il est juste d’appeler une icône du cinéma et de la culture populaire québécoise.
Résumer sa carrière de près de 50 ans n’est pas chose aisée, tant le comédien a su diversifier ses rôles et marquer les esprits aussi bien sur les planches que sur le grand ou le petit écran… tout en restant humble, toujours bien à l’abri derrière ses personnages. Et quels personnages!
Né à Alma le 25 juin 1950 dans une famille modeste, mais aimante et unie, Michel Côté restera à jamais l’albinos le plus célèbre du cinéma francophone (Au clair de la lune, André Forcier), le premier contrat de sa carrière cinématographique, sorti sur les écrans il y a quarante ans.
Depuis, Michel Côté à participé à un peu plus d’une vingtaine de longs métrages, dont plusieurs ont été de très grands succès aux guichets. Dans l’imaginaire, il sera pour toujours l’image typique du mâle québécois en quête de repères (Cruising Bar 1 et 2) ou celle, non moins marquante, du père désorienté par sa progéniture (C.R.A.Z.Y. de son ami Jean-Marc Vallée avec qui il avait aussi tourné le méconnu Liste noire, et De père en flic 1 et 2 d’Émile Gaudreault).
L’acteur aura aussi marqué les esprits grâce à son Jean-Lou de la légendaire série La petite vie, avec son Pierre Gauthier, enquêteur tenace de Omertà , passionnante série télé transposée en 2012 en film de cinéma. Et que dire de son incarnation de Paul Lacasse, psychiatre aigri de Sur le seuil d’Éric Tessier, sans doute l’une des séries B d’horreur les mieux ficelées de notre cinéma. En 2010, il était le valeureux commandant de bord de Piché, entre ciel et terre de Sylvain Archambault, dans lequel on retrouvait aussi son fils, Maxime Le Flaguais, incarnant le pilote plus jeune.
Sa carrière au théâtre, débutée en 1979, ne se résume pas qu’à l’immense succès de Broue dans laquelle il donnait la réplique à Marc Messier et Marcel Gauthier. Jouée pendant 38 ans plus de 3300 fois devant 3,5 millions de spectateurs, cette comédie du vide campée dans à la taverne Chez Willy reste la pierre angulaire de sa carrière. Mais Côté a aussi foulé les planches de grands théâtres d’ici, du Théâtre du Nouveau Monde, au Théâtre de Quat’Sous en passant par la Compagnie Jean Duceppe. Il a joué notamment dans Soudain l’été dernier, de Tennessee Williams et Le médecin malgré lui, de Molière.
Outre ses trois prix Gémeaux, Michel Côté a remporté un Jutra du meilleur acteur de soutien, un Génie du meilleur acteur, un Jutra Hommage pour l’ensemble de sa carrière (2013) et a reçu, en décembre dernier, l’insigne d’officier de l’Ordre du Canada.