Films du Québec

Logé au carrefour de l’expérimentation et de l’installation vidéo, le long métrage québécois indépendant Le rêve et la radio est l’une des oeuvres les plus stupéfiantes et déroutantes de ces dernières années. Doté d’une audace formelle et narrative rare, le film relate la rencontre entre trois jeunes vivant en marge de la société avec un mystérieux révolutionnaire qui s’est donné pour mission de détourner les ondes radio de la ville. À la barre de ce qui ressemble à un pamphlet politique mâtiné d’admiration pour le cinéma expérimental, on retrouve Renaud Després-Larose, auteur en 2011 de l’étonnant Comme des mouches et Ana Tapia Rousiouk, réalisatrice, compositrice et créatrice sonore sur les films d’Olivier Godin, entre autres.

Créé avec des moyens et une équipe très limités, Le rêve et la radio a été présenté en première mondiale au Rotterdam International Film Festival en février 2022. Après avoir été projeté dans plusieurs festivals internationaux, dont la semaine de la critique de la Berlinale, le film est sorti très brièvement au cours de l’automne 2022 à Montréal, à la Cinémathèque québécoise et au Cinéma Moderne.

Notes de Renaud Després-Larose

Le Rêve et la Radio pourrait être qualifié de tentative fragile de poursuivre ce rêve déjà ancien d’une démocratisation du cinéma – et plus précisément et plus précisément celui qui a accompagné l’émergence des petites caméras numériques à la fin du 20e siècle. C’est un essai de transfiguration des angoisses d’une certaine jeunesse inquiète de l’état des choses. C’est aussi une projection fictionnelle et diffractée de la vie réelle de ses trois principaux protagonistes – tous trois non acteurs qui se débattent avec la difficulté de jouer dans les limites de leur propre personne.

A l’origine du projet, un conseil donné par Jean-Luc Godard (entendu lors d’une interview à la radio) à tout jeune qui veut pratiquer le cinéma. Si je me souviens bien, cela disait à peu près de ceci : « Prenez n’importe quelle petite caméra et essayez simplement de raconter l’histoire d’une journée ordinaire de votre vie. Une fois que vous avez terminé, posez-vous la question suivante : « Le film est-il assez bon pour aller faire du porte-à-porte et demander à mes voisins s’ils sont prêts à payer dix dollars pour le voir ? » Le jour où vous répondrez à cette question par l’affirmative, vous serez un cinéaste. »

Le Rêve et la Radio n’a pas la concision d’une seule journée. C’est plus ou moins un bricolage éclectique reflétant les nombreuses nuits blanches que nous avons vécues après nos premières rencontres, Ana, Geneviève et moi… à parler sans fin de l’intrication de la politique avec nos peurs, ou nos souhaits et nos rêves.

Notes du Renaud Després-Larose extraites du dossier de presse du film