Subconscious Cruelty est un drame d’horreur underground écrit et réalisé par le directeur photo et réalisateur montréalais Karim Hussain. Il s’agit de son premier long métrage. Le récit, composé de quatre courtes histoires sans lien entre elles, fait la part belle au gore et au trash extrême. D’après le site de Kino Aero « Quatre histoires extrêmement dérangeantes, aussi belles qu’hideuses, dissèquent la relation entre la création et la destruction, le désir et la douleur. Ce chef-d’Å“uvre radical, véritablement décoiffant, possède une palette stylistique ingénieuse qui redéfinit les possibilités du genre. »
Subconscious Cruelty a été jugé si difficile à supporter qu’il a suscité de vives controverses dans les festivals qui ont osé le montrer à l’époque et a été interdit dans plusieurs pays alors qu’il était acclamé au Japon.
Voir la bande annonce.
Genèse
Comme beaucoup de productions indépendantes, Subconscious Cruelty a connu une genèse compliquée. D’après le site web du film, Hussain, 19 ans, et son producteur Mitch Davis, 22 ans, ont débuté la production au début de 1994. Mais, à l’issue du premier bloc de tournage de 4 semaines, la pellicule aurait disparu. Par la suite, le négatif est gelé en raison d’un litige. Le cinéaste et son équipe ont donc été contrainte de poursuivre des séances de tournage plus modestes pendant des week-ends, au cours des deux années qui ont suivi. Hussain, qui assurait également le montage, commença alors à découper à la main la seule copie positive du film, afin d’attirer d’autres investisseurs, sans savoir s’il y aurait un jour un négatif auquel se conformer, ou s’il causait des dommages irréparables à ce qu’il restait du film.
Finalement, un accord a été trouvé et les éléments négatifs originaux ont été libérés. Le film a pu être achevé en toute sécurité trois ans après avoir été commencé. Armés d’un montage de 80 minutes, les cinéastes ont tenté d’obtenir des subventions gouvernementales. En toute logique, aucun organisme gouvernemental ne s’est senti à l’aise avec un film qui contient autant de scènes choquantes. Les lettres de refus polies ont remplacé les subventions fédérales ou provinciales, et le temps a passé.
Mais ce n’est pas tout puisqu’alors qu’il revenait d’un voyage d’affaires aux États-Unis, Karim Hussain s’est fait confisquer les éléments du film qu’il avait en sa possession (dossier de presse, cassette du premier montage final) par les agents de la douane canadienne. De peur d’être frappés d’interdit, les auteurs ont dû cacher leur film sous un faux nom pendant une longue période.
Ce n’est qu’à l’automne que les dernières scènes ont été tournées à Montréal. Le découpage final ainsi que la post-production ont été réalisés tout au long de l’année 2000.
Subconscious Cruelty a été présenté en première au Festival de Cine de Sitges, en Espagne, le 12 octobre 2000. Le film a ensuite été projeté dans plusieurs festivals internationaux, dont le Festival international du film de Stockholm et le Festival du film fantastique d’Amsterdam. Le film est sorti en salle à Montréal le 13 avril 2001, avant d’être édité sur DVD en avril 2005 dans plusieurs pays. Depuis, le film a acquis le statut d’oeuvre culte pour bon nombre d’amateurs de sensations fortes.
Intentions du réalisateur
La genèse de ce film remonte au début des années 1990, une époque très compliquée qui a vu une résurgence de la consommation d’héroïne chez les jeunes, une vague de popularité pour la musique industrielle agressive, antisociale et dépressive, une sorte d’illusion d’une scène cinématographique underground nord-américaine et une acceptation générale du nihilisme dans l’art. C’était avant l’angoisse populiste pré-millénaire qui a submergé les masses récemment, forçant les films à plonger encore plus loin dans des moules préfabriqués et des cycles prévisibles. C’était avant l’angoisse populiste pré-millénaire qui a submergé les masses récemment, forçant les films à plonger encore plus dans des moules préfabriqués et des cycles prévisibles. C’était la colère avant la peur. Et c’était, en fait, le terreau parfait pour un film aussi méchant et peu orthodoxe que Subconscious Cruelty.
L’idée derrière ce film était de le structurer, littéralement, comme un long rêve fiévreux ; en passant parfois par des moments narratifs, en se débattant dans des vignettes surréalistes de forme libre, puis en terminant par ce que l’on pourrait décrire comme quelque chose entre les deux concepts ; en tirant sur cette belle ambiguïté fournie par la pensée à l’Å“il rapide. Non seulement le contenu s’attaquerait aux aspects sombres et horribles de l’être humain, mais il serait composé dans le domaine du cerveau droit, l’arène pure de la créativité où il n’y aurait ni censure ni mensonge. Une idée ou une vision serait imaginée et intégrée au film, sur la base de l’intuition et de la liberté.
En fin de compte, Subconscious Cruelty s’est avéré très différent de ce qu’il était censé être à l’origine, tout en restant très fidèle à son esprit initial. C’est un film qui demande beaucoup de travail de la part du spectateur ; un petit singe inhabituel en termes de contenu et de structure cinématographique. Mais c’est aussi la raison pour laquelle je pense que ce film est spécial et aussi assez universel. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Subconscious Cruelty, je le crois sincèrement, laissera au spectateur des images et des émotions qu’il n’oubliera jamais. Et c’est ce que je recherche, que ce soit ou non ce que les gens attendent du cinéma. C’est ce qui me permet de respirer.
Intentions du réalisateur tirées du site internet du film.
Critiques d’époque
Subconscious Cruelty est loin des grands effets du cinéma d’horreur mainstream. Ni brillant ni moche (loin de là ), le film montre jusqu’où on peut aller quand on décide de chasser jusqu’à l’absurde des fantasmes de terreur. C’est là d’ailleurs que le contenu évite de sombrer dans la débilité adolescente. Rempli de séquences chaotiques, le film explore les dérèglements de l’âme. L’horreur graphique est toujours soutenue par une dimension symbolique. (Bernard Lamarche, Le Devoir, 13 avril 2001, p. B 10)
Le cinéma expérimental de Karim Hussain et Mitch Davis dépasse sans cesse les limites et semble ne connaître absolument aucun tabou. Les scènes les plus violentes sont accompagnées d’une trame musicale tantôt effrayante, mélancolique et profondément triste, tantôt de sonorités magnifiques et fascinantes, et sont façonnées en visions choquantes et profondément oppressantes de l’inconscient humain. (source: CeDe.com)
Le film met le spectateur au défi d’être offensé tout en essayant de l’éclairer. Le voir comme une simple déclaration de choc serait ne pas voir au-delà des images la critique du besoin moderne de toujours défier la religion ou d’essayer de l’exploiter. Par conséquent, le film peut presque être considéré comme pro-religieux, une déclaration étrange à faire après avoir été témoin de fellations au couteau, d’infanticides, de cannibalisme, de masturbation, etc. Il convient également de mentionner les références à presque tous les réalisateurs de films d’horreur, de l’éclairage argentin aux images d’hommage de Jodorowsky, même Richard Kern semble être inclus dans les styles proposés. Ce que je peux dire en conclusion, c’est que quelle que soit votre opinion après avoir vu ce film (en supposant que vous puissiez mettre la main dessus), vous ne l’oublierez certainement pas de sitôt. (Bob Smith, Chaotic Order #14, hiver 2002)
Résumé
Trois histoires surréalistes où l’insolite côtoie le macabre. 1. Un jeune homme obsédé sexuellement par sa soeur enceinte imagine qu’il la viole puis qu’il tue son bébé naissant. 2. Dans un champ, des hippies qui se promènent dans le plus simple appareil se livrent à d’étranges ébats sexuels. 3. Un homme d’affaires se pose des questions existentielles en visionnant des films pornographiques. Ces trois récits sont entrecoupés de divers segments illustrant notamment la relation entre un homme et une femme bizarrement constituée, ainsi que les souffrances du Christ qui se voit dévoré par trois demoiselles lubriques. (Source: Mediafilm, cité dans La Presse, 12 avril 2000, p. C2)
Distribution
Section 1: Ovarian Eyeball: Sophie Lauzière, Anne-Marie Belley - Section 2: Human Larvae: Brea Asher, Ivaylo Founev, Eric Levasseur, Janis Higgins - Section 3: Rebirth: Nadia Simaani, Anna Berlyn, Nancy Simard, Sean Spuruey, Scott Noonan, Mitch Davis - Section 4: Right Brain/Martyrdom: Christopher Piggins, Annette Pankrac, Eric Pettigrew, Martine Viale
Fiche technique
Genre: drame d'horreur - Origine: Québec, 2000 - Durée: 1h20 (ou 1h32 selon les sources) - Langue V.O.: Anglais - Visa: non classé - Tournage: de février 1994 à décembre 1999, à Montréal et en banlieue - Budget approximatif: 100 000$ - Première: 12 octobre 2000, Festival de Cine de Sitges, en Espagne - Sortie en salle: 13 avril 2001 sur un écran à Montréal (Cinéma du Parc)
Réalisation: Karim Hussain - Scénario: Karim Hussain - Production: Mitch Davis - Société de production: Infliction Films - Distribution: Infliction Films
Équipe technique - Direction artistique: Sonia Capogreco - Effets visuels (maquillages): Adrien Morot, C.J. Goldman - Montage images: Karim Hussain – Musique: Teruhiko Suzuki - Photographie: François Bourdon, Karim Hussain
Infos DVD/VOD
Le film est disponible en DVD et en Blu-ray dans plusieurs pays, mais pas au Québec.