Vous n’êtes pas seuls est une comédie romantique teintée de science-fiction écrite par Marie-Hélène Viens, également coréalisatrice avec Philippe Lupien. Il s’agit de leur premier long métrage de fiction après voir signé ensemble trois courts métrages (Bernard le Grand, Amen et Nous sommes le freak show).
Porté par ses auteurs depuis plusieurs années, le film brosse le portrait d’un jeune homme taciturne pourchassé par un extra-terrestre déguisé en chauffeur de taxi qui s’est donné pour mission de rapatrier dans l’au-delà les âmes esseulées. Déroulant une trame romanesque sur fond de suspense surnaturel, le film aborde tour à tour la solitude des jeunes urbains, leur recherche de relation stable et leur peur face à l’avenir.
Vous n’êtes pas seuls (You Are Not Alone dans sa version sous-titrée en anglais) a été présenté en primeur en septembre 2024 au Festival international du film de Toronto (TIFF), qui lui a accordé une mention spéciale du jury. Le film sort en salle le 18 octobre 2024, juste après sa présentation en première québécoise au Festival du nouveau cinéma (FNC).
Entrevue des réalisateurs
Quelle est la toute première idée à l’origine du projet?
Philippe Lupien : Le premier flash remonte à 2010-2011. J’ai toujours été fasciné par les phénomènes d’objets volants non identifiés; tout ce qui est extraterrestre. Ça remonte à l’enfance. On parlait souvent de ça, Marie-Hélène et moi. Et puis à un moment donné, on s’est rendu compte que ce qui nous intéressait là-dedans, au fond, c’était le parallèle à faire entre la solitude d’un individu sur terre, et la solitude humaine à l’échelle de l’univers.
Marie-Hélène Viens : Il y avait également le paradoxe de Fermi, sur lequel on avait lu, et qui nous fascinait. Fermi présente tout son argumentaire concernant la possibilité d’autres formes de vies dans l’univers, et il conclut par la question « Where is everybody? » [« Où est tout le monde? »]. On a eu cette citation accrochée sur notre mur pendant des années. Mais bref, c’est la juxtaposition de ces deux solitudes-là, individuelle et universelle, qui nous parlait le plus. Dans nos recherches, on s’est aperçu qu’il y a beaucoup de ça, au niveau des témoignages des gens affirmant s’être fait enlever par des extraterrestres : l’élément de solitude, d’isolement.
Et Léo, ce protagoniste livreur de pizza, comment est-il né?
MHV : Au sujet de Léo, j’ai ramené le personnage à moi, très proche, à un moment de ma vie où j’étais isolée et très seule; je n’allais pas super bien. Ce sentiment où tu as l’impression que tu es prête à couper les ponts par rapport à tout et avec tout le monde, à t’isoler, et à te dire que tu n’es peut-être pas faite pour ce monde-là… Tu te détaches de tes émotions, tu te détaches des gens qui t’entourent… En même temps, c’est une étape que vivent beaucoup de jeunes adultes : tu avais des amis, des relations, et puis hop!, dans les bouleversements du passage à l’âge adulte, tu perds ces amitiés-là ou ces relations-là, et tu te retrouves momentanément devant rien. Et là, tu te dis que, peut- être, c’est ça ta vie. Évidemment, tu es alors trop jeune pour savoir que tu vas te relever, et qu’il y a autre chose après. Durant ce moment précis de l’existence, tu as l’impression que c’est la fin du monde, et que tu es seul au monde. C’est ce que vit Léo. Le personnage de John, le chauffeur de taxi, s’est manifesté comme ça. C’est-à-dire qu’il est devenu l’incarnation de ce versant sombre de Léo. John agit un peu comme cette partie de la conscience de Léo qui lui donne raison de s’isoler. John le conforte dans l’idée qu’il n’est pas à sa place dans ce monde-ci. Il lui dit : « Viens, je vais t’enlever, je vais t’emmener ailleurs ». Finalement, la rencontre avec Rita, ça rattache Léo. Tout ça est un peu basé sur notre histoire à Philippe et moi, donc il y a vraiment une dimension très personnelle.
Le film se déroule très majoritairement de nuit. Est-ce que ça représentait un défi particulier?
MHV : On a tourné en novembre, alors que les heures de clarté diminuent. Parfois, on commençait à quatre heures de l’après-midi afin d’avoir le plus de « nuit » possible. Un avantage d’un tournage de nuit auquel je ne m’attendais pas, c’est l’atmosphère que ça a créé sur le plateau. La nuit, pour pas déranger les voisins, tout le monde a tendance à chuchoter. Tout le monde est comme un peu plus calme…
PL : Ça instaure aussitôt sur le plateau un climat chaleureux, intime. Et ça convient parfaitement à notre personnalité, cette espèce de douceur-là. Et puis, il y a comme une magie qui se produit, entre les gens, la nuit. Je ne sais pas si c’est parce que tout le monde devrait être dans son lit en train de dormir, mais on dirait que nos senseurs émotionnels sont plus aiguisés, plus à l’affût. Le film a bénéficié de cette atmosphère-là, c’est clair.
Entrevue des réalisateurs accordée à François Lévesque, extraite du dossier de presse du film fourni par Maison 4:3
Résumé
Léo est livreur pour la pizzeria appartenant à ses parents. Il travaille essentiellement de nuit et ne sort guère durant le jour. On ne lui connaît pas d'amis ni de copine. Un soir, sa voiture tombe en panne. Pas le choix que d'appeler un taxi. John se présente, ramène Léo chez lui et, dans un élan d'amitié inusité, refuse de se faire payer la course. En fait, John a ses raisons. Il est extra-terrestre et cherche à ramener des âmes égarées dans l'au-delà. Le problème, c'est qu'entre-temps, Léo a fait la connaissance de Rita, une musicienne, tout aussi solitaire que lui. Entre eux, une tendre complicité s'est lentement installée. Mais John ne cesse de poursuivre Léo de ses assiduités. Las de se faire harceler, le jeune homme part à Rimouski.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Pier-Luc Funk (Léo Biron), Marianne Fortier (Rita St-Laurent), François Papineau (John), Sandrine Bisson (Sylvie Marcoux), Blaise Tardif (Paul Biron), Micheline Lanctôt (Lucy)
Fiche technique
Genre: comédie romantique, science-fiction - Origine: Québec, 2024 - Durée: 1h45 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Images: ratio 1.85:1 - Tournage: durant 24 jours en novembre 2023, à Laval et sur la Rive-Sud de Montréal - Première: 5 septembre 2024, TIFF - Sortie en salle: 18 octobre 2024 sur 25 écrans au Québec
Réalisation: Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien - Scénario: Marie-Hélène Viens en collaboration avec Philippe Lupien - Production: Fanny-Laure Malo - Consultante au créatif: Valérie Beaugrand-Champagne - Société de production: La Boîte à Fanny avec la participation financière de Téléfilm Canada, SODEC, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux, Crave, Radio-Canada, MELS, CALQ - Distribution: Maison 4:3
Équipe technique - Coiffures: Josianne Cournoyer - Conception sonore: Jean-François B. Sauvé - Costumes: Caroline Bodson - Direction artistique: Éric Barbeau - Maquillages: Josianne Cournoyer - Mixage: Luc Boudrias - Montage images: Amélie Labrèche – Musique: Pierre-Philippe Côté ("Pilou") - Photographie: Ariel Méthot - Prise de son: Olivier Houde