Bergers, coproduction majoritaire du Québec avec la France, est le cinquième long métrage de fiction réalisé par Sophie Deraspe, après Rechercher Victor Pellerin, Les signes vitaux, Les loups et Antigone. Inspiré du roman autobiographique « D’où viens-tu berger » publié en 2006 par Mathyas Lefébure, qui a participé au scénario, ce drame pastoral relate l’histoire d’un publicitaire montréalais qui, sur un coup de tête, quitte tout pour se lancer dans l’élevage des brebis dans les Alpes françaises.
Mettant en vedette Félix-Antoine Duval (Saint-Narcisse) et Solène Rigot (La confession, Lulu femme nue), Bergers a été présenté en première mondiale le 7 septembre 2024 au Toronto International Film Festival (TIFF) où il a remporté le prix du meilleur film canadien. La première québécoise a eu lieu lors de la soirée d’ouverture de la 30e édition de Cinemania. Sortie en salle au Québec: 15 novembre 2024. Sortie en France: 30 avril 2025.
Entrevue avec la réalisatrice
Quelle était ton approche entre respecter le matériel et te permettre une liberté créative?
La transposition en film est presque de l’ordre du conte : Mathyas, avec toute sa candeur et sa persévérance, malgré son inexpérience, entame une transformation qui lui fera vivre diverses aventures. Tout en apprenant la vie de berger, il s’inscrit dans une activité plus que millénaire, celle des déplacements nomades avec des troupeaux. La nature vient teinter sa propre nature en ouvrant un espace intérieur où le soin à l’autre et l’amour peut faire son chemin, malgré toutes les difficultés rencontrées. Très tôt, je suis allée dans le sud de la France et les Alpes, sur les traces du parcours de Mathyas. Il fallait que j’aie ressenti le monde des bergers, des éleveurs, du rapport à la terre et aux troupeaux, que je l’aie entendu, gouté, que mes sens aient été mis à contribution pour pouvoir le rendre ensuite en scénario et en mise-en-scène. Très tôt, j’ai senti – et j’en ai eu la confirmation lors d’un de nos importants voyages de repérage – que plus on allait se coller au réel, plus on allait tirer quelque chose d’authentique de ce tournage-là , quelque chose qui fait du bien, qui nous ramène à une forme d’essentiel. À partir de là , ce n’est plus tant le roman qui dicte le travail à faire, ce ne sont plus les mots. Le roman nous a mis sur une trajectoire, tout simplement.
Justement, les décors sont très authentiques, la recherche de locations a dû être très importante à la pré-production ?
Ça nous est apparu au départ comme une montagne gigantesque de pouvoir retrouver des lieux à la hauteur de ce dont cette histoire avait besoin, parce qu’on passe de la plaine sèche du sud de la France à la montagne verdoyante dans les Hautes-Alpes. Le réel et l’authenticité tant recherchés ne sont pas toujours en adéquation exacte avec les impératifs du cinéma… Et il n’était pas question de se priver des plaisirs cinématographiques non plus! Donc toute l’organisation avec de vrais bergers, de vrais éleveurs, et évidemment de vrais troupeaux qui ont leur fonctionnement propre lié aux saisons, aux déplacements, aux cycles de reproduction, tout ça s’est avéré extrêmement complexe à mettre en lien avec notre tournage! On a pensé à un certain moment qu’on n’y arriverait jamais. Mais la volonté et la créativité des divers collaborateurs ont finalement eu raison. André-Line Beauparlant a été extraordinaire : à la fois, elle adore les grands défis dans son travail de conceptrice artistique, mais elle a aussi toute une sensibilité documentaire, elle a un amour des gens, une façon d’entrer en relation avec eux qui s’est avérée indispensable pour réussir ce projet. Il fallait que les gens aient autant envie de faire ce film avec nous que nous avions besoin d’eux pour le mener à terme.
Comment tous les défis que tu as rencontrés ont influencé l’histoire ou ont apporté des changements, voulus ou pas, au projet?
C’est à la fois la fiction la plus complexe à mettre en place, que la fiction la plus proche du réel que j’ai faite. Le réel est là , il est tellement riche qu’il va nous donner des choses, il faut juste être assez souple et à l’écoute pour les capter. Et en même temps, avoir été assez préparés pour que tout cela ne devienne pas un grand chaos. C’est quand même une méthode que j’ai pratiquée dans d’autres films avant celui-ci. J’adore mettre mon instinct à l’ouvrage en travaillant dans des conditions climatiques qui sont celles du moment où on tourne, pas toujours prévisibles, avec des animaux, des troupeaux, qui ont leurs mouvements internes. Un troupeau, avec un très bon berger et un chien, ça va à peu près où tu veux, mais ce n’est pas sûr non plus, puis ça ne peut pas y aller deux fois. En tant que réalisatrice, mon rôle c’est d’être prête, d’avoir confiance, puis d’insuffler cette confiance-là à mon équipe, qu’ils sachent que l’important, c’est d’être là , vif et à l’affut, pour saisir le bon moment. Et d‘avoir la capacité de se retourner rapidement. Ce que je trouve extraordinaire de ça, c’est que le réel est souvent plus riche que ce qu’on oserait écrire.
Notes de la réalisatrice ci-dessus sont extraites du dossier de presse de Bergers fourni par Maison 4:3
Résumé
Après avoir quitté précipitemment sa vie de publicitaire à Montréal, Mathyas s'installe à Arles, dans le sud de la France. Son rêve? Suivre les pas des milliers de bergers qui ont pris soin de leurs bêtes avec amnour et respect, selon des méthodes ancestrales. Mais sa première expérience chez les Tellier n'est pas aussi romantique qu'il l'aurait imaginé. La dureté et la complexité du labeur, jumelés à la robustesse de son employeur et du berger Ahmed qui lui apprend son métier, détruisent une bonne partie de ses idéaux. L'arrivée d'Élise, une jeune fonctionnaire qui a elle aussi tout laissé tombé, donne une nouvelle orientation à sa quête. Ensemble, ils trouvent une place dans l'élevage de Cécile, qui a désespérément besoin d'un couple de bergers pour guider la transhumance du troupeau jusque dans les Alpes. Mathyas, Élise, le collègue Dudu et la chienne Hola prennent en charge les 827 bêtes, avec comme seul objectif de ne pas en perdre une durant ce périple qui sera assurément long et semé d'embûches.
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Félix-Antoine Duval (Mathyas), Solène Rigot (Élise), Guilaine Londez (Cécile Espriroux), Michel Benizri (Ahmed), David Ayala (Dudu), Véronique Ruggia Saura (Agnès Tellier), Younès Boucif (Nassim), Bruno Raffaelli (Gérard Tellier), Aloïse Sauvage (Clotilde)
Fiche technique
Genre: drame - Origine: Coproduction Québec-France (90%-10%), 2024 - Durée: 1h54 - Langue V.O.: Français - Visa: général - Tournage: du 22 mai au 7 juillet 2023, en France (Provence, Alpes) - Première: 7 septembre 2024, TIFF - Sortie en salle: 15 novembre 2024 (Québec), 30 avril 2025 (France)
Réalisation: Sophie Deraspe - Scénario: Sophie Deraspe, Mathyas Lefébure, d'après le roman "D'où viens-tu berger" de Mathyas Lefébure - Production: Kim McCraw, Luc Dery, Elaine Hébert, Caroline Bonmarchand, Xenia Sulyma - Productrice déléguée: Marie-Laure Merriaux - Directrice de production: Isabelle Tillou - Sociétés de production: micro_scope (QC), Avenue B Productions (FRA) avec la participation financière de Téléfilm Canada, SODEC, Le Fonds Harold Greenberg, Le Fonds Québecor, crédits d'impôts fédéraux et provinciaux et avec la collaboration de Radio-Canada et Crave - Distribution: Maison 4:3 (QC), Pyramide Distribution (France)
Équipe technique - 1er assistant à la réalisation: Éric Parenteau - Conception sonore: Olivier Calvert - Costumes: Éric Poirier - Direction artistique: André-Line Beauparlant - Distribution des rôles: Adélaïde Mauvernay, Nathalie Boutrie - Maquillage et coiffure: Marie-Josée Galibert - Mixage: Hans Laitres - Montage images: Stéphane Lafleur – Musique: Philippe Brault - Photographie: Vincent Gonneville - Prise de son: Stephen de Olivera - Supervision de postproduction: Érik Daniel