Films du Québec

Henri est un mélodrame réalisé par François Labonté suivant les pas d’un adolescent confronté à l’effritement de sa famille, la suite au décès accidentel de sa mère.

Présenté en première mondiale en septembre 1986 dans le cadre du Festival of festivals de Toronto (ancienne appellation du TIFF), Henri (connu sous les titres de travail Courant d’automne et Henri le cheval) avait remporté le grand prix du jury enfants constitué de 11 jeunes âgés de 11 à 14 ans au Festival de Berlin en 1987.

Ce que le personnage, Henri, vit intérieurement, la boule d’angoisse provoquée par l’accident, son conflit avec son père, son attachement à sa soeur. La seule façon de faire passer ces sentiments sans que cela soit mélo ou déconnecté de la réalité, c’était de faire tout pour que le milieu dans lequel Henri vit soit très concret. Nous avons mis beaucoup d’énergie pour assurer cette crédibilité. Au fond, Henri est un scénario très simple qu’on a voulu très vrai et très touchant. Même la course, complètement impossible, contre l’autobus marche : on y croit. On fausse la réalité et la magie du cinéma opère ! (Entretien avec François Labonté, Françoise Wera, Ciné-Bulles, Volume 6, numéro 1, août–octobre 1986)

Réception critique

On comprend qu’un tel genre (ce lui de l’épique pratiqué au ras du sol) a ses limites el que celles-ci désignent un produit moyen, généralement télévisuel. Un produit dont les Américains sont friands et dont la réussite est une question de bon dosage (moitié psychologie, moitié action). François Labonté atteint les limites qu’il s’impose, avec cela de plus que ses acteurs rehaussent la valeur de l’ensemble. Il y a, en effet, quelque chose qui passe dans le triangle composé d’Eric Brisebois (Henri), Marthe Turgeon (l’institutrice) et Lucie Laurier (la petite soeur). Quelque chose d’assez fort qui nous vaut trois ou quatre bonnes scènes comme celle où Henri va se réfugier chez l’institutrice. (Marcel Jean, Le Devoir, samedi 7 février 1987, p. B-7

Malheureusement l’histoire est pleine d à-coups et les situations sont amenées de façon gratuite. Avec la direction d’acteurs de Labonté, on peut aussi déplorer que Henri et son père ne puissent se dire des choses importantes sans gueuler. Tout ça est filmé à gros traits: les prises de décision du héros sont signalées par la tête rentrée dans les épaules ou bien de grandes respirations laissant craindre une métamorphose en Hulk verdâtre. (Pierre Roberge, La Presse Canadienne)

Henri ressemble à une nouvelle mouture du Toby de Jean-Claude Lord. Il mise sur le dépassement de soi comme solution aux problèmes qui séparent un père de son fils. Dans les deux cas, l’absence de la mère cause le traumatisme initial. Comme Jean-Claude Lord dans Toby, Labonté cherche dans Henri à diluer les failles du scénario dans l’action. Cent fois sur le métier, il aurait dû remettre son ouvrage. (Luc Perreault, La Presse, 7 février 1987, p. E18)