Une langue universelle – Film de Matthew Rankin

Du réalisateur de The Twentieth Century nous parvient cette jouissive comédie absurde campée dans un Winnipeg hivernal où tout le monde parle farsi.

Une langue universelle est une comédie satirique réalisée par Matthew Rankin d’après un scénario qu’il a écrit avec Pirouz Nemati et Ila Firouzabadi. Ce deuxième long métrage du Québécois d’origine manitobaine auteur de The Twentieth Century est le candidat canadien pour l’Oscar 2025 du meilleur film international.

Présenté en première mondiale à la Quinzaine des cinéastes à Cannes en mai 2024, où il a reçu le prix Chantal Akerman, Une langue universelle (Universal Language) a connu un parcours international remarquable avec plus de 90 sélections en festivals et un palmarès comptant à ce jour une quinzaine de prix, dont le Prix de la meilleure découverte canadienne du Festival de Toronto.

Une langue universelle (Universal Language) sort en salle au Québec le 31 janvier 2025

Notes du réalisateur

J’encourage les gens à y voir un diagramme de Venn cinématographique entre Winnipeg, Téhéran et Montréal. C’est comme un confluent de rivières. Ou une pizza hawaïenne. C’est un film qui ressemble à un ornithorynque fou : une part de cinéma québécois, gris et solitaire, une part de film casse-tête surréaliste de Winnipeg, une part de réalisme poétique iranien à la Kanoon, les trois se reflétant et se réfractant à travers le prisme de l’un et de l’autre. Une langue universelle ne traite pas de l’un de ces lieux, mais du métissage des trois. Bien sûr, le cinéma iranien émerge de 1000 ans de poésie tandis que le cinéma canadien émerge de 40 ans de publicités pour des meubles à prix réduit. Et pourtant, c’est la dualité de notre monde, n’est-ce pas ? Le film travaille sur les notions de communauté et de solitude, de proximité et de distance, de divin et de banal, d’universel et de paroissial. Nous essayons d’ouvrir de nouvelles voies pour voir et imaginer notre monde compliqué, triste, beau et lumineux.

Les événements de l’histoire sont tirés directement de l’histoire de ma famille, de nombreuses annotations de journal de mon séjour en Iran et de plusieurs rêves déconcertants que j’ai fait à propos de mes parents peu de temps après leur mort. Pendant la Grande Dépression, ma grand-mère et son frère ont trouvé un billet de deux dollars gelé sur un trottoir de Winnipeg (une somme énorme en 1931) et les événements se sont déroulés pour eux de la même manière que pour Negin et Nazgol.

De même, mon père a consacré sa vie à défendre la ville mal-aimée de Winnipeg et ses humbles monuments, tout comme Massoud dans le film. Et puis, bien sûr, il y a moi et mon imitation de moi-même. Lorsque j’ai terminé mon premier long métrage, Le vingtième siècle, j’étais tellement endetté que j’ai passé une année sinistre et épuisante à Ottawa à réaliser des films de propagande pour le gouvernement canadien. Il y a donc de nombreuses couches complexes d’identité, de nombreuses versions de soi.

À l’âge de 8 ans, par exemple, j’étais complètement obsédé par Groucho Marx [un humoriste américain du début du XXe siècle]. Chaque matin, avant d’aller à l’école, je me peignais une grosse moustache et des sourcils en utilisant le crayon à sourcils de ma mère. La division scolaire de Winnipeg a rapidement nommé une équipe de psychologues pour enfants afin de mettre fin à cette étrange fixation et j’ai passé la majeure partie de ma troisième année d’école enfermé dans le placard à fournitures scolaires, habillé comme Groucho. Quoi qu’il en soit, le personnage de Morteza est aussi le mien et d’autres versions bizarres de moi sont éparpillées tout au long du film. Le biopic est depuis longtemps une préoccupation majeure dans mon travail de cinéaste et je décris Une langue universelle comme une sorte d’hallucination autobiographique.

Les notes ci-dessus proviennent du dossier de presse de Une langue universelle, fourni par Maison 4:3. Elles sont reproduites sans modification.

Résumé

Winnipeg, où tout le monde parle farsi, est le théâtre de diverses histoires entremêlées. D'abord celle de Negin et Nazgol, deux fillettes qui trouvent un billet de banque pris dans la glace et qui cherchent par tous les moyens à l'en extirper pour permettre à leur camarade de classe de remplacer ses lunettes, cassées par une dinde en liberté. Ensuite, celle du guide Massoud qui déambule imperturbablement dans les rues de la ville pour faire découvrir à quelques touristes égarés les sites les plus emblématiques de l'histoire de la métropole winnipegoise. Et enfin, celle du timide Matthew qui a quitté Montréal où il occupait un emploi administratif au gouvernement du Québec pour aller retrouver sa mère malade, qu'il n'a pas revue depuis longtemps. Tous se retrouvent là, sans savoir vraiment pour qui et pourquoi.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

Rojina Esmaeili (Negin), Saba Vahedyousefi (Nazgol), Sobhan Javadi (Omid), Pirouz Nemati (Massoud - Matthew), Matthew Rankin (Matthew - Massoud), Mani Soleymanlou (Iraj Bilodeau), Danielle Fichaud (Monsieur Castonguay), Ila Firouzabadi (Chauffeuse d’autobus), Amir Amiri, Faraz Anoushah Pour, Bernard Arène (pharmacien), Gilnaz Arzpeyma, Asinnajaq, Baharan BaniAhmadi, Sarianne Cormier, Denis Houle, Christophe Lamarche-Ledoux, Sahar Mofidi, Bahram Nabatian, Zhila Naghibzadeh, Dara Najmabadi, Hemela Pourafzal, Nima Pourtolami, Ramin S. Khanjani, Javad Sahebi, Mohammad Salari, Annie St-Pierre, Saba Vahedyousefi, Aonan Yang, Nora Zarkandi

Fiche technique

Genre: comédie satirique - Origine: Québec-Manitoba, 2024 - Durée: 1h29 - Langue V.O.: Anglais, Farsi, Français - Visa: Général - Images: 16mm, couleurs, 1.66:1 - Tournage: printemps 2023, à Montréal et à Winnipeg - Budget approximatif: (inconnu) - Première en salle: 18 mai 2024, Cannes - Sortie en salle: 18 décembre 2024 (France), 31 janvier 2025 (Québec)

Réalisation: Matthew Rankin - Scénario et dialogues: Matthew Rankin, Pirouz Nemati et Ila Firouzabadi - Production: Sylvain Corbeil - Production déléguée: Catherine Boily, Rosalie Chicoine Perreault - Production exécutive: Pirouz Nemati, Ila Firouzabadi, Daniel Berger, Aaron Katz, Matthew Rankin - Société de production: metafilms avec la participation financière de Téléfilm Canada, de la SODEC et des Crédits d’impôts provinciaux du Québec et du Manitoba - Distribution: Maison 4:3 (QC), Météore Films (France), Oscilloscope Laboratories (USA)

Équipe technique - 1re Assistante réalisation: Florelle del Burgo - Coiffures: Nermin Grbic - Conception sonore: Sacha Ratcliffe - Conception visuelle: Louisa Schabas - Costumes: Negar Nemati - Distribution des rôles: Marilou richer, Ila Firouzabadi - Maquillages: Marie Salvado – Mixage: Bernard Gariépy-Strobl - Montage images: Xi Feng - Musique: Amir Amiri, Christophe Lamarche-Ledoux - Photographie: Isabelle Stachtchenko - Prise de son: Pablo villegas, Armin firouzabadi

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Né en décembre 2008, Films du Québec est un site d'information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction. Films du Québec contient les fiches détaillées des films québécois, des actualités, des critiques et des bandes annonces et bien plus.
Création et administration : Charles-Henri Ramond, membre de l'Association québécoise des critiques de cinéma.

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