Cette histoire essentielle, qui germait dans l’esprit de la cinéaste depuis plusieurs années déjà , ne possède pas de grands moyens, mais enous livre, avec cÅ“ur et détermination, un message d’espoir sincère.
La cinéaste, auteure et productrice a choisi d’aborder ces dramatiques événements par le biais d’une histoire intime et personnelle. Le film relate le drame dans lequel est plongé Marie, une éditrice montréalaise, lorsqu’elle reçoit des manuscrits relatant la vie d’un jeune garçon palestinien vivant un camp de réfugié et dont le père et le frère ont été assassinés tous les deux par les milices chrétiennes. Or il se trouve que le jeune garçon n’est autre que le peintre qui repeint les bureaux où travaille Marie.
Méfiants à prime abord, fragilisés dans leurs vies personnelles et finissant par collaborer ensemble, malgré les différences culturelles, Marie et Joseph vont devoir s’apprivoiser et se faire confiance pour aller jusqu’à l’aboutissement de leur desseins respectifs. Tous deux ont des relations familiales au mieux difficiles, au pire inexistantes. L’étude des personnages est donc plutôt sombre, voire défaitiste. Marie vit dans une amertume continuelle, nuancée par l’absorption de fortes doses d’alcool, tandis que Joseph se désespère sur l’impossibilité de changer son sort, dicté par sa propre mère. Quelques retours en arrière tournés au Liban ponctuent l’avancée du récit fournissant un peu de répit à une première heure tout en longueurs, souffrant en outre de maladresses dans l’élaboration du portrait des deux protagonistes.
Maryanne Zéhil reprend des thèmes déjà abordés dans De ma fenêtre sans maison, son premier film de fiction réalisé en 2006. comme dans ce dernier, l’absence du mari ou du père se confirme (Marie et son ex se sont laissés, Joseph a quitté femme et enfants pour venir à Montréal) et la figure matriarcale, centrale au récit, est bien peu épargnée. La mère de Marie est tenue responsable de sa fertilité et la mère palestinienne, gardienne de l’honneur et de la dignité de son peuple, est vue comme l’instrument principal de la vengeance. Cette piste de réflexion assez peu commune aurait toutefois mérité un traitement un peu plus approfondi.
Fort heureusement, la dernière portion du film, entièrement tournée au Liban, est plus rythmée et plus lumineuse. Les paysages, filmés adroitement par Pierre Mignot, deviennent envoûtants et offrent un beau contraste aux horreurs évoquées et à la grisaille de la ville. On se met alors à regretter que le film n’ait pas disposé d’un budget plus important pour soutenir l’ambition de son sujet. La finale donne l’occasion de livrer un message d’espoir et de pardon. La mort et le sacrifice y sont montrés comme actes de libération et laissent le champ libre à des jours meilleurs.
En résumé
Au final, La vallée des larmes s’avère être un essai modeste mais sincère qui apporte à sa manière une petite pierre à l’édifice de notre mémoire collective. Le film de Maryanne Zéhil ne changera probablement jamais la perception de ces événements par leurs protagonistes, mais permettra néanmoins de remettre en lumière des événements dramatiques qu’il ne faudrait pas oublier.
La vallée des larmes – Québec, 2011, 1h35 – Marie, employée dans une maison d’édition à Montréal, reçoit les écrits d’un incconusrelatant son expérience lors des massacres au début des années 1980 des camps de Sabra et Chatila, au Liban – Avec: Nathalie Coupal, Joseph Antaki, Henri Chassé, Leyla Hakim, Sophie Cadieux – Scénario, Réalisation et Production: Maryanne Zéhil – Distribution: Films Séville
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