Films du Québec

Michel Barette et Marc-André Grondin dans Le bonheur des autres de Jean-Philippe Pearson (©Christal Films)

Comédie ou drame ? Drame ou comédie ? Le Bonheur des autres est un film qui emprunte indistinctement ces deux avenues sans toutefois parvenir à choisir son camp. Incapable de dépasser le stade de l’anecdote, bavard et explicatif, ce premier essai du comédien Jean-Philippe Pearson n’offre au final qu’une comédie dramatique souffrant d’un scénario inégal et d’une réalisation manquant de personnalité.

Explorant à son tour l’amour de deux êtres à la différence d’âge prononcée, sujet déjà abordé dans Le grand départ de Claude Meunier (2008) et par Sophie Lorain dans Les grandes chaleurs (2009), Jean-Philippe Pearson (scénario de Québec-Montréal) nous livre un film à mi-chemin entre le drame et la comédie qui ne réussit hélas ni dans l’un ni dans l’autre.

Dans ce qui aurait pu être une comédie douce-amère sur la rédemption, Michel Barrette incarne un père coupable d’avoir abandonné sa famille vingt ans plus tôt qui essaye sur le tard de retrouver la paternité qui lui a toujours manqué. Sa volonté de rattraper le temps perdu en fondant une famille avec une femme de presque trente ans sa cadette entre alors en collision avec les aspirations des membres de sa famille, qui, de son côté, ont bien du mal à accepter ce bonheur retrouvé.

L’injustice que constitue ce bonheur tardif était une belle avenue à priori. Mais Le bonheur des autres pèche par un scénario trop relâché et où les ressorts dramatiques font cruellement défaut. Ici le scénario explore plusieurs aspects de son sujet (l’absence du père, l’infertilité de son gendre, les problèmes de couple du fils, le jugement moral des beaux-parents, la difficulté de vivre ensemble avec une différence d’âge prononcée…) sans vraiment savoir dans quelle voie s’engager.

Il en ressort un film sans réelle tension dramatique où plusieurs de ses situations peinent à trouver le ton juste. À preuve l’effet comique d’un goût douteux, voire même complètement dépassé de certaines scènes (la violence sado-maso comme libération de la mère délaissée) ; les retours en arrière sur le père 20 ans plus tôt n’offrent rien à l’histoire et sont très peu crédibles (la tentative de rajeunir Michel Barrette et Louise Portal est proche du ridicule) ; l’aventure de la fille avec un collègue de travail sans réel justification ni fondement.

Au crédit du film, signalons toutefois les quelques timides questionnements sur la vie de couple actuelle. Mais là encore, tout ceci n’est qu’effleuré est se retrouve très vite enterré dans une scène finale consensuelle et parfaitement conformiste. Tout le discours de la première heure est déconstruit au profit d’une morale parfaitement prévisible. La jeune maman a trouvé un papa de son âge, l’enfant tant désiré de la fille est finalement arrivé, la mère a refait sa vie dans un nouvel appartement et le père ingrat est redevenu ami-ami avec son fiston. Le tout sur une chanson d’Aznavour bien entendu.

En résumé

Malgré un sujet prometteur, Le bonheur des autres hésite entre drame et comédie et ne parvient à convaincre ni dans l’un ni dans l’autre. Ce premier essai de mise en scène pour le comédien Jean-Philippe Pearson ne passera pas à l’histoire, loin s’en faut.