Dans ce drame de guerre somme toute plutôt atypique dans notre cinématographie, un reporter revenu blessé d’une mission dans un pays de l’Europe de l’Est tente de se remémorer les circonstances qui ont mené à la disparition de son ami photographe qui, lui, n’est jamais revenu. Le choc post-traumatique des reporters de guerre est donc le thème central du film. Un choix judicieux quasiment jamais abordé au cinéma, qui reçoit ici une illustration réussie qui restera en mémoire.
Avec ce premier film, réalisé bien avant Sur le rythme, Charles-Olivier Michaud a su recréer un univers très personnel. C’est par les bribes de souvenirs de Blaise (impeccable Rhys Coiro) que le récit se reconstruit peu à peu. On voit alors la terreur engendrée chez ces deux étrangers par une guerre anonyme et quasi-invisible, même si on la devine omniprésente à chaque détour. La terreur créée par cette guerre est donc en partie basée sur le fait qu’elle nous est pour une bonne part cachée. En dehors de quelques scènes où l’on voit explicitement les protagonistes, on ressent le danger plus qu’on ne le voit, ce qui ajoute à l’attente et à l’angoisse. Les scènes d’intérieurs où l’on ne fait qu’entendre les déflagrations et les cris sont, à ce titre, fort réussies.
La construction classique du récit est rondement menée. Michaud démontre un réel talent à raconter une histoire aussi simple soit-elle. L’utilisation des flashbacks, elle aussi classique, est habilement mise en avant, mais ici, le fait que le survivant ne se souvienne de rien (du moins le prétend-il), permet un dévoilement lent et minutieux du mystère entourant le passé des deux reporters. Même si le démarrage peut sembler un peu lent, cette technique permet au film de conserver le suspense jusqu’à la fin.
L’autre belle trouvaille du film est d’avoir su construire un univers très personnel, à mille lieues de nos contrées. Que ce soit par les interactions avec les habitants, dialoguées en russe ou les décors naturels parfaitement choisis, cette Europe de l’Est entièrement tournée au Québec est absolument véridique.
En résumé
Avec ce premier long métrage, Charles-Olivier Michaud signe un drame prenant, qui évite le piège de la copie de films américains – ce que sa formation à Los Angeles et la distribution auraient pu faire craindre – et en trouvant un ton et un style personnel. Snow & Ashes est un premier essai réussi qui nous permet d’espérer que le prochain film de ce réalisateur prometteur nous parvienne le plus rapidement possible.
Snow & Ashes (Neige et cendres) – Québec, 2009, 1h50 – Un ancien reporter de guerre revenu de mission dans un pays d’Europe de l’Est se remémore les événements qui ont mené à la mort de son collègue – Avec: Rhys Coiro, David-Alexandre Coiteux, Lina Roessler – Scénario et Réalisation: Charles-Olivier Michaud – Production: Eric Mantion, David-Alexandre Coiteux, Charles-Olivier Michaud – Distribution: AZ Films
Ma note: