[Critique] Jo pour Jonathan: le bleu des villes

Jo pour Jonathan, deuxième exploration de la banlieue réalisée par Maxime Giroux. Un drame poignant suivant de près Jonathan, avant et après le plus fort drame de la courte vie.

Jo pour Jonathan de Mazime Giroux (Raphael Lacaille)

Jo pour Jonathan de Mazime Giroux (Raphael Lacaille à gauche ©Reprise Films)

Le sentiment d’impuissance créé par cette banlieue austère donne un film d’une grande puissance ; un drame sombre et prenant. Avec ce Jonathan-des-banlieues, Maxime Giroux passe avec brio le test du second long métrage.

Dans la première partie du film, qui se déroule jusqu’à l’accident tragique provoqué par Jo, la chronique sociale de Giroux montre une banlieue grise qui ne propose que peu d’alternatives à sa jeunesse. Si ce thème semble être récurrent dans de nombreuses productions indépendantes québécoises, Giroux s’ingénie à ajouter à cette vision quelques touches d’humour qui viennent «alléger» la charge. Une certaine fraîcheur qui fait du bien.

Mais l’univers reste sordide. La vie de Jonathan, un jeune homme désœuvré, est faite d’errance, et n’a ni but ni semblant d’avenir. Jonathan passe le plus clair de son temps dans l’ombre de son grand frère, tout en le jalousant un peu pour ce qu’il a de plus que lui. Il est plus beau, il a une voiture, du succès et une blonde. Tout de même, la vie de Jo est faite d’échanges, de relations et de vie sociale, aussi limitée soit-elle. Puis survient le drame et le changement de ton.

La seconde partie du film est beaucoup plus sombre et emprunte une voie plus intérieure et plus renfermée. Raréfiant les dialogues pour laisser la place au cheminement intérieur de Jo, jusqu’à ce moment intense où Jo devient Jonathan en posant un geste incroyable, filmé avec une pudeur et une simplicité étonnante. La quête de Jo est libérée de dialogues inutiles. Le film se fait moins bavard, plus exploratoire.

Les silences prennent le dessus et installe entre le spectateur et le personnage central une sorte de complicité des plus réussie. Un peu comme si ce Jo que nous voyons à l’écran était notre petit frère, notre chum ou notre fils et que, à l’abri derrière une glace sans tain, nous le regardions vivre son drame.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé Jo pour Jonathan. Tant au niveau de son interprétation, de sa construction et de sa technique, maîtrisée et parfaitement dans le ton (mentions particulières pour la musique et la photographie). En tête d’une distribution inconnue jusque là, Raphaël Lacaille livre une performance parfaite qui lui a déjà valu un prix (à Whistler) et qui lui ouvre les portes d’un avenir prometteur dans notre cinéma.

Attendu par beaucoup, Jo pour Jonathan ne déçoit pas. Moins désespéré que Demain, Jo pour Jonathan confirme Maxime Giroux comme l’un des cinéastes majeurs de la relève québécoise.

Jo pour Jonathan – Québec, 2010, 1h24 – Un jeune homme vivant dans les pas de son grand frère commet l’irréparable lors d’une course automobile. Il devra apprendre à se reconstruire sans son mentor – Avec: Raphaël Lacaille, Jean-Sébastien Courchesne – Scénario: Alexandre Laferrière, Maxime Giroux – Réalisation: Maxime Giroux – Production: Paul Barbeau et Maxime Giroux – Distribution: Métropole Films

Ma note: 

Les notes :

★★★★★ Excellent
★★★★ Très bon
★★★ Bon
★★ Moyen
Mauvais

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