[Critique] Les signes vitaux: la mort nous va si bien

Pafaitement maîtrisé et délicatement interprété, Les signes vitaux confirme tous les espoirs fondés sur Sophie Deraspe.

Après le remarqué Rechercher Victor Pellerin, réalisé avec de faibles moyens il y a trois ans, Sophie Deraspe revient avec ce drame poignant dans lequel une jeune femme s’abandonne corps et âmes pour donner la majeur partie de son temps dans un centre de soins palliatifs de Québec. Ce faisant, elle néglige complètement sa vie et sa relation amoureuse. Les signes vitaux est un film qui regarde la mort en face, droit dans les yeux, sans détour, sans leçon de morale, ni complaisance.

Marie-Hélène Bellavance dans Les signes vitaux ©Metropole

Signes vitaux, Les (Marie-Hélène Bellavance dans Les signes vitaux ©Metropole)

Ce qui retient l’attention, c’est la très grande maîtrise de la réalisatrice dans les scènes les plus proches du documentaire. Sans voyeurisme, mais sans détour, avec une caméra qui sait se faire oublier, Deraspe filme les visages vieillis, les corps usés ou torturés, en un mot la souffrance. La souffrance de ceux qui meurent, mais aussi celle des proches qui restent. La réalisatrice passe comme un – dernier – souffle dans ces antichambres. À travers ses images directes et sans détour, c’est notre propre relation avec la mort que nous devons affronter, comme rarement dans le cinéma québécois (à ce titre, notons la performance admirable de Marie Brassard, Danielle Ouimet et Suzanne Saint-Michel, toutes trois absolument parfaites). On pourrait faire un intéressant parallèle avec la surdramatisation présente dans La dernière fugue, le récent film de Léa Pool qui approche de façon diamétralement opposée un sujet très similaire.

Outre la maîtrise déployée dans l’approche documentaire du film, Deraspe relève également le défi avec brio en ce qui concerne le traitement purement fictionnel de l’intrigue, en n’hésitant pas à inclure dans son film, plusieurs moments de pure cocasserie et de pleine poésie, moments qui, à point nommé, viennent « désalourdir » le film. Une opération qui s’avère très payante et confère à Les signes vitaux une véritable dimention dramatique.

Au final, Les Signes vitaux s’avère très réussi et confirme tout le bien que l’on pensait de la jeune cinéaste. Son film revêt à la fois dans son aspect documentaire et dans son côté fiction les qualités d’un grand et beau film qui place le spectateur devant une vision profonde et sans voyeurisme de la mort et de la souffrance.

Les signes vitaux – Québec, 2009, 1h27 – Une jeune femme qui vient de perdre sa grand-mère s’abandonne corps et âmes pour donner la majeur partie de son temps dans un centre de soins palliatifs de Québec. Ce faisant, elle néglige complètement sa vie et sa relation amoureuse – Avec: Marie-Hélène Bellavance, Francis Ducharme, Suzanne St-Michel – Scénario et Réalisation: Sophie Deraspe – Production: Nicolas Fonseca – Distribution: Métropole Films

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