Réalisé par Jean-Guy Noël (Tu brûles… tu brûles, Ti-Cul Tougas et Contrecoeur), Tinamer est une fable poétique librement adaptée du très célèbre roman L’amélanchier écrit par Jacques Ferron en 1970.
Souvent interrogé sur la complexité et les risques associés à cette adaptation pour le moins difficile, Noël s’expliquait ainsi : C’est un roman poétique qu’il fallait transposer en termes dramatiques. Il y a une grande poésie dans L’Amélanchier mais aussi une ligne dramatique très concrète et dynamique. Ce film, je le veux pour grand public. [1] J’avais lu L’amélanchier, je voulais le tourner depuis longtemps. Mais comment traduire ce monde poétique, ce monde intérieur? Comment rendre la dimension philosophique du roman? Je l’ai relu quelque temps plus tard, et tout m’est apparu clair. À partir de quelques scènes, j’ai vu tout le film — le ton qu’il aurait, le moteur de l’intrigue, j’ai acquis les droits du roman, j’ai discuté longuement avec Jacques Ferron ; ça l’a beaucoup étonné que j’aie choisi L’amélanchier. Effectivement, on ne peut pas dire que c’était facile. Il fallait enlever des chapitres complets, aller à l’essentiel. Un moment donné, j’ai oublié Ferron et je me suis dit: j’ai les droits du roman, ça m’appartient, je peux taire ce que je veux. [2]
Aux côtés de Louise Portal, mère de famille terre-à-terre qui veut que sa fille vive une vie normale, et Gilles Vigneault – qui en était à son 4e long métrage en tant qu’acteur -, son mari plus âgé qu’elle qui voudrait bien quant à lui que sa fille s’épanouisse pleinement avant d’aller à l’école, on peut voir dans son premier grand rôle au cinéma la jeune Sarah-Jeanne Salvy, fille du réalisateur Jean Salvy et de la comédienne Louise Marleau.
Généralement mal reçu par la critique, le film n’eut qu’une carrière anecdotique et s’est rapidement retrouvé dans l’oubli, au contraire du roman de Ferron qui restera sans nul doute dans les annales de la littérature québécoise pour longtemps encore.
[1] La Presse, 16 septembre 1986
[2] La Presse, 6 décembre 1986, page E24
Critique d’origine
Un tel sujet impliquerait un habile dérapage d’un niveau de réalité à un autre, sur un mode poétique. Or, ici, ce passage se fait sans finesse, au prix de nombreuses ruptures de ton. Des séquences, intéressantes en soi, s’intègrent mal à l’ensemble, dans leur volonté d’illustrer certains aspects de la vie intérieure du personnage. Aussi, des erreurs de distribution flagrantes amplifient ce manque de finesse. Gilles Vigneault n’est pas du tout convaincant dans le rôle du père soucieux d’entretenir l’imaginaire chez la fille, ni la petite Sarah-Jeanne Salvy, qui incarne ce rôle trop lourd pour elle sur un ton monocorde et pleurnichard… Inutile de s’attarder sur ce film tout simplement irrécupérable.
Gilles Marsolais dans la revue 24 Images
Il aurait fallu modifier en profondeur ces dialogues visiblement plus conçus pour l’écrit que pour l’oral
– Luc Perreault, La Presse
Résumé
Tinamer Petroni, 27 ans, refuse d'assister aux funérailles de sa mère. Restée seule à l’appartement qui domine le cimetierre, elle revit certains événements troublants de son enfance.
Fillette, elle a été marquée par l'influence de son père, Léon. Celui-ci, médecin, voulait l'éduquer en suivant des méthodes peu orthodoxes, au grand déplaisir de sa femme. Ainsi, il préférait s'occuper lui-même de sa fille en stimulant son imagination et refusait catégoriquement de l'envoyer à l'école tant qu'elle n'aurait pas cueilli en rêve une fleur d'amélanchier...
©Charles-Henri Ramond
Distribution
Gilles Vigneault (Léon di Portanquo), Louise Portal (Edna), Sarah-Jeanne Salvy (Tinamer), Jean-Louis Roux, Claude Gai (le proviseur), Linda Roy (Tinamer adulte), Daniel Simard, Robert Marien, Roger Garand, Lee Julien, Jean-Marie Moncelet, Julien Poulin, Gisèle Trépanier, Marie-Frédérique Noël, Kesnamelly Neff, Sophie Marguerat, Michèle Boily, Jocelyne Bond, Gilles Cloutier, Patrice Coquereau, Gilles Doucet, Marie-Agnès Gendron, Marie-Chantal Labelle, Michel Langevin, Pierre Legris, Catherine Malouin, Albanie Noël-Leduc, Gérard Paradis, Serge Proulx
Fiche technique
Genre: fable - Origine: Québec, 1987 - Durée: 1h24 - Langue V.O.: Français - Visa: Général - Première: 27 août 1987, Festival des films du monde - Sortie en salles: 29 janvier 1988 sur 1 écran à Montréal (Complexe Desjardins 3) - Tournage: durant six semaines à partir du 16 septembre 1986 à la Maison Pitfield, Pierrefonds et aux environs de Montréal - Budget approximatif: 2 M$
Réalisation: Jean-Guy Noël - Scénario et dialogues: Jean-Guy Noël d'après le roman L'Amélanchier de Jacques Ferron - Production: René Gueissaz - Producteurs associés: Louise Gendron, Francyne Morin, Pierre Latour - Producteurs exécutifs: René Malo, Marc Daigle - Sociétés de production: ACPAV, Office national du film du Canada, Groupe Malofilm avec la participation de Téléfilm Canada, SOGIC, Radio Québec et Super-Écran - Distribution: Malofilm Distribution
Équipe technique - Concepton de l'animation: Michel Murray, studio français d'animation de l'ONF - Direction artistique: François Lamontagne et Claire Alary - Montage images: Jean-Guy Montpetit – Musique: Galt MacDermot Chanson titre: L'escalier dans la tête, paroles de Gilles Vigneault, interprétation de Sylvie Tremblay - Photographie: François Beachemin
Infos DVD/VOD
À notre connaissance, ce film n'est pas disponible en DVD