Critique 1er amour: chaotiques élans

Un 1er amour à l’adolescence, ce n’est jamais simple. Parlez-en au jeune Antoine, qui malgré le beau soleil d’été, ne voit pas d’issue à son son amour pour Anna la délurée et dont l’amour paternel vole en éclats. Souffrant de quelques troubles du développement, ce premier long métrage dramatique de Guillaume Sylvestre est un triangle amoureux trop chaotique pour convaincre.

Macha Grenon et Loic Esteves dans 1er amour de Guillaume Sylvestre (© Films Séville)

Macha Grenon et Loic Esteves dans 1er amour de Guillaume Sylvestre (© Films Séville)

Avec 1er amour, le cinéma québécois nous livre un énième film sur le coming of age de deux adolescents qui découvriront le temps d’un été moite la complexité de l’amour et qui apprendront à regarder autrement le monde adulte. Dans ce drame estival, un jeune garçon à peine sorti de l’enfance tombe amoureux d’une voisine plus âgée que lui, mais la délurée jeune fille a d’autres amoureux et veut vivre une passion plus entière. Leurs tourments, circonscrits par les rives d’une île isolée, se heurteront aux aléas de la vie, telle que vécue dans une réalité autrement plus froide et plus dure que ne le suggère la torpeur de ce chaud soleil d’été.

Partant de ces prémices très vaguement adaptées de l’œuvre de Tourgueniev (il faut aller très bas dans le générique de fin pour que le nom de l’auteur russe soit enfin cité), Guillaume Sylvestre tente de dépeindre un tableau impressionniste dans lequel des univers troubles s’entrechoquent. L’intrigue met l’accent sur l’opposition entre la beauté des paysages, leur exubérance, et la laideur de l’acte de trahison, illustrée dans une scène à la limite du voyeurisme. Si les faux-semblants d’une famille en apparence unie fonctionnent à peu près durant la première demi-heure, la tension ménagée par Sylvestre ne livre au final que très partiellement les promesses initiales. Certes, les images de verdure chatoyante, de chenilles colorées ou de fleurs bercées par le vent sont du plus bel effet. Mais elles ne font que rendre encore plus imaginaire un drame qui aurait mérité pourtant un peu plus de noirceur. Car à force d’avoir voulu trop bucoliser l’intrigue et de l’avoir perdue dans plusieurs fausses pistes vite abandonnées, cette histoire de trahison amoureuse a du mal à se démarquer du modeste tableau de tromperie sentimentale, au demeurant difficilement crédible. Les comédiens font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils possèdent, c’est-à-dire des personnages souvent mal définis (Marie incarnée par Macha Grenon) ou ne jouant aucun rôle précis dans l’intrigue (le voisin hippie joué par Pierre-Luc Brillant). Au final, ces premières amours chaotiques nous ont laissées plutôt indifférent.

1er amour – Québec, 2013, 1h21 – Sur une île durant l’été, un jeune garçon vit une histoire d’amour et de trahison qui changera à jamais sa vision du monde adulte – Avec: Loic Esteves, Marianne Fortier, Benoît Gouin, Macha Grenon – Scénario et Réalisation: Guillaume Sylvestre – Production: Daniel Louis, Denise Robert (Cinémaginaire) – Distribution: Films Séville

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