Trois jours après le décès d’Arthur Lamothe, nous apprenions ce matin le décès du cinéaste, cameraman et producteur Michel Brault, véritable monument du cinéma québécois né à Montréal le 25 juin 1928.
Attiré très tôt par la caméra, il devient rapidement photographe professionnel et entre à l’Office national du film en 1956 à titre de caméraman. Après avoir collaboré à plusieurs films de la série Candid Eye, il se dirige vers la réalisation (Les raquetteurs avec Gilles Groulx, 1958). Il devient vite d’un des piliers du cinéma direct et acquiert une solide réputation qui lui vaudra d’aller tourner en Europe avec des réalisateurs chevronnés. Il est encore aujourd’hui considéré dans le monde entier comme l’un des meilleurs représentants du cinéma direct.
À son retour d’Europe, il co-signe l’essentiel Pour la suite du monde (avec Pierre Perrault, 1963) et réalise La Fleur de l’âge : Geneviève (1965) puis, toujours avec Geneviève Bujold, Entre la mer et l’eau douce (1967). Très actif à la direction photo, il signe les images de films devenus incontournables, tels que Mon oncle Antoine de Claude Jutra (1971), Le temps d’une chasse de Francis Mankiewicz (1972), ou Les bons débarras de Francis Mankiewicz (1980).
En 1974, il réalise le chef d’oeuvre Les ordres, reconstitution des arrestations arbitraires de la Crise d’octobre, qui lui vaut le Prix de la mise en scène au festival de Cannes. Il se tourne par la suite vers la télévision, et s’attelle à la série Le Son des Français d’Amérique (avec André Gladu, 1976 à 1980). Durant cette période de son histoire aujourd’hui un peu oubliée, il réalise Les Noces de papier (1989), Shabbat Shalom! (1992) et Mon amie Max (1994), dans lequel il retrouve la comédienne Geneviève Bujold. Il termine sa carrière de réalisateur en 1999 avec le drame patriotique Quand vous serez parti… vous vivrez encore qui lui a demandé plusieurs années de recherches et d’efforts. En 1986, il reçoit le prix Albert-Tessier (la plus haute distinction québécoise en matière de cinéma) et en 1996, le prix du Gouverneur général du Canada.
Il avait fondé la compagnie Nanouk Films en 1965, et était le père de Sylvain Brault et Anouk Brault.
Quelques uns de ses films sont disponibles sur le site web de l’ONF. Son oeuvre n’est pas totalement disponible sur DVD, mais un coffret Imavision de 5 disques est disponible à peu près partout.