Bilan cinéma québécois 2013 : un grand cru

Certes 2013 ne restera pas dans les mémoires pour ses recettes en salles. Mais qu’à celà ne tienne, la qualité était largement au rendez-vous.

Le météore de François Delisle, sortie en salles le 8 mars 2013

Le météore de François Delisle, digne représentant du haut niveau de qualité du cru 2013

N’y allons pas par quatre chemins: 2013 a été pour le cinéma de fiction québécois l’un des meilleurs crus depuis plusieurs années. Bien sûr, l’attention des détracteurs se portera principalement sur les résultats presque rachitiques de nos films. Fatalement, les commentaires laissés sur internet et les diatribes des radios poubelles se concentreront sur ce seul fait.

On le sait, il y aura toujours d’éternels insatisfaits qui profiteront systématiquement de ce genre de « mauvaise » nouvelle pour y aller de leur connaissance élargie en matière de financement public et qui ne rateront pas l’occasion de se manifester à qui veut leur prêter oreille. J’en ai déjà eu beaucoup sur ce site, et j’en aurai encore. Ceci dit, et quoi les chiffres ci-dessous laissent à penser, il est indéniable que notre couvée 2013 a démontré de bien belles couleurs. Et au final, c’est bien le plus important.

Maudits chiffres

Alors voilà grosso modo ce que 2013 a donné : environ 1,1 million d’entrées en salles, un peu moins de 6% de part de marché, et seulement deux films passant le cap du million de dollars de recettes (Il était une fois les Boys atteindra tout juste cette marque en 2014).

2013 a donc été la réplique de ce que l’on avait connu en 2012. Le cinéma québécois a tout juste réussi à se maintenir à flot. Et ce n’est déjà pas si mal, surtout lorsque l’on considère que l’année a été marquée par un nombre impressionnant de premiers films (13 sur 29 soit 45% du total), et qu’une majorité de notre production s’est contentée de circuits très restreints (19 de nos 29 films (65%) sont sortis dans 20 salles ou moins). Dans ces conditions – et d’autres encore – il est difficile d’espérer plus.

Abonnés absents

Certes nos films sont accessibles dans trop peu de cinémas, certes le web prend une part de plus en plus importante dans les habitudes des spectateurs et certes aussi l’augmentation du prix des billets ne laisse plus beaucoup de place aux découvertes. Tout cela est vrai.

Mais ce qui reste le moteur de la réussite, c’est notre capacité à pouvoir générer annuellement un « pool » stable de cinq-six voire sept films capables d’attirer un vaste public. Notre cinéma ne tient que sur quelques titres; en l’absence de ceux-ci, les parts de marché auront forcément du mal à décoller. En 2013, en dehors de Louis Cyr et Gabrielle, qui sont parvenus à combler les spectateurs, trop peu sont ceux qui ont réussi à rassembler. Si Le démantèlement et Amsterdam ont obtenu des résultats satisfaisants, que dire des La Légende de Sarila, Hot Dog, Il était une fois les Boys ou L’autre maison, dont les résultats furent nettement décevants.

Martin Dubreuil est Paul dans Chasse au Godard d'Abbittibbi (Éric Morin, 2013 - ©Parce Que Films)

Éric Morin signe avec Chasse au Godard d’Abbittibbi l’un des longs métrages les plus prometteurs de l’année (©Parce Que Films)

De beaux lendemains

Évidemment, le box office n’est pas une mesure de succès universelle, mais c’est la seule que nous ayons pour l’instant. Et évidemment, l’aspect qualitatif prime sur le reste. Or sur ce point, on ne peut que louanger le haut niveau de la production de l’an passé. Succès en festivals, nombreuses confirmations (Denis Côté, François Delisle, Catherine Martin, Sébastien Pilote, Daniel Roby…) et plusieurs premiers films qui laissent présager de beaux lendemains. Que l’on songe aux promesses livrées par les Pascal Ferland, Yan Lanouette-Turgeon, Stefan Miljevic, Éric Morin, Frédérick Pelletier, Chloé Robichaud entre autres. Autant de nouveaux venus qu’on a hâte de retrouver et de voir évoluer au fil de leurs prochaines Å“uvres.

Et si 2014…

En 2013, le cinéma québécois a encore une fois démontré une santé rassurante. Les chiffres n’ont pas été au rendez-vous, c’est un fait. Mais alors que débute en trombe une nouvelle année (voir les sorties prévues au premier trimestre), l’espoir est permis.

Plusieurs signes annonciateurs nous laissent en effet penser qu’il pourrait y avoir en 2014 un revirement de la tendance. Outre la grande quantité de films et l’effet boule de neige qui s’en suit, les chances de succès auprès du public semblent plus importantes que lors des deux années passées. C’est tout le mal que l’on se souhaite, en espérant que le niveau de qualité d’ensemble demeure digne de celui de 2013, une année qui restera marquante par son niveau d’excellence.

Bonne année 2014!

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