Le cinéaste Pierre Patry (1933-2014) – Image extraite de De l’Office au Box-Office (2009) de Denys Desjardins
C’est par l’entremise des pages Facebook de l’ONF et de Denys Desjardins que nous apprenions hier la disparition du cinéaste et producteur québécois Pierre Patry, décédé le 7 juin dernier à l’âge de 81 ans.
Après des débuts comme homme de théâtre – il a participé à la fondation de l’Association canadienne de théâtre amateur dans les années 50 – Pierre Patry se lance dans l’aventure cinématographique en entrant à l’Office national du film (ONF) en 1957. Là , il travaille comme scénariste, assistant-réalisateur puis réalisateur, principalement sur des courts et moyens métrages documentaires.
Il quitte l’ONF en 1964 et fonde Coopératio, un regroupement associatif unique en son genre, opérant sans un sou mais avec beaucoup de fougue et de débrouillardise. Ayant pour objectif de réaliser dans le privé un cinéma commercial populaire se démarquant des codes de l’ONF, Coopératio produit plusieurs films considérés aujourd’hui comme des pierres angulaires du cinéma québécois.
Entre la mer et l’eau douce de Michel Brault. Une production Coopératio (Pierre Patry)
Durant cette période, courte mais fertile, plusieurs productions voient le jour et marquent les esprits. Trouble-fête (1964) fable politique controversée sur la jeunesse étudiante, La corde au cou (1965) d’après un roman de Claude Jasmin, Poussière sur la ville (1965) d’Arthur Lamothe ou encore le chef d’œuvre de Michel Brault Entre la mer et l’eau douce (1967). Mais malgré un certain succès auprès du public (la critique sera plus mitigée), les recettes engrangées ne peuvent assurer la viabilité financière de la compagnie, qui doit aussi faire face à la concurrence de la toute jeune Onyx Films.
Après avoir terminé la production du film Les colombes de Jean-Claude Lord (1972), Patry, déçu par les institutions qui « assassinent les initiatives privées », ferme définitivement les portes de Coopératio.
Malgré cette carrière stoppée prématurément, Pierre Patry se classe parmi les indiscutables figures de proue de notre cinéma. Méconnu du grand public, sa détermination à vouloir faire émerger une cinématographie commerciale indépendante des institutions publiques le classe pourtant parmi la courte liste des pères fondateurs du cinéma québécois de fiction.
>> Voir le film de Denys Desjardins sur l’aventure de Coopératio
Filmographie partielle de Pierre Patry
- La Roulotte (ONF, série Passe-Partout, réalisateur, 1957)
- Germaine Guèvremont, romancière (ONF, réalisateur, 1959)
- Chanoine Lionel Groulx, historien (ONF, réalisateur, 1959)
- Les Petites sœurs (ONF, réalisateur, 1959)
- Collège contemporain (ONF, réalisateur, 1960)
- Loisirs (ONF, réalisateur, 1961)
- Petit discours de la méthode (ONF, réalisateur, avec Claude Jutra, 1963)
- Louis-Hippolyte Lafontaine (ONF, réalisateur, 1962)
- Il y eut un soir, il y eut un matin (ONF, réalisateur, 1964)
- Trouble-fête (réalisateur, 1964)
- La Corde au cou (d’après un roman de Claude Jasmin, réalisateur, 1965)
- Caïn (d’après un roman de Réal Giguère, réalisateur, 1965)
- Poussière sur la ville d’Arthur Lamothe (producteur, 1965)
- Délivrez-nous du mal de Jean-Claude Lord (producteur, 1965)
- L’Infirmière de nuit (ONF, réalisateur, 1966)
- Trois hommes au mille carré (coréal., 1966)
- Shapp for Governor (coréal., 1966)
- Entre la mer et l’eau douce de Michel Brault (producteur, 1967)
- A Great Big Thing (producteur, 1967)
- Les colombes de Jean-Claude Lord (producteur, 1972).
Référence : Sources : base de données de l’ONF, cinemaduquebec.com, dictionnaire du cinéma québécois (M. Coulombe, M. Jean)
