Première œuvre très prometteuse du duo François Péloquin et Sarah Lévesque, Le bruit des arbres est très certainement ce que le cinéma québécois nous a donnée de plus beau cette année avec le Félix et Meira de Maxime Giroux. Plongé dans une réalité dépeinte avec discrétion, le film parvient à brosser en toute simplicité un tableau touchant de l’amitié père-fils, porté par des comédiens tout à fait crédibles. Le ton est épuré, voire minimaliste, et les personnages exempts de pathos.
Privilégiant les silences, Péloquin traque l’incommunicabilité et l’incompréhension dans les regards et dans les gestes du quotidien, plus que dans de longs et superflus dialogues. Organisé en une trentaine de tableaux différents, la structure narrative se prête à merveille au propos. Découpé en autant de tranches de vie, ordinaires ou révélatrices, le film recèle d’autant plus de force qu’il extrait quelques moments emblématiques des générations qu’il expose, sans forcément chercher à créer un liant artificiel entre eux. Le désœuvrement, les émois amoureux et leurs rivalités, la confrontation père-fils, le traumatisme, jusqu’à la rupture avec le noyau familial. Au détour d’une embûche ou d’une épreuve, les liens père-fils se renforcent et scellent à jamais leur destin. Les auteurs laissent les personnages se construire d’eux-mêmes, sans jamais forcer le trait, malgré plusieurs moments de tension dramatique montrés avec discrétion et pudeur.
Si Le bruit des arbres parvient à ses fins, c’est aussi parce qu’il s’applique à conserver une certaine distanciation face à la réalité sociale qu’il dépeint. Depuis quelques années, le cinéma québécois beaucoup traité de la difficulté de vivre en région. Le portrait n’est en général pas très rose. Ici, pas de surenchère. Les auteurs font preuve de la même retenue que dans le traitement de leurs personnages. Pas de moralisation sur la destruction de la nature, pas de discours pour accompagner l’endettement des exploitants agricoles ou la disparition des petites entreprises au profit de multinationales.
Le bruit des arbres – Québec, 2015, 1h18 – Dans un coin reculé du Bas Saint-Laurent, Jérémie, 17 ans, espère un avenir meilleur, loin de la scierie familiale – Avec: Antoine L’Écuyer, Roy Dupuis – Scénario: Sarah Lévesque, François Péloquin – Réalisation: François Péloquin – Production: Ziad Touma – Distribution: K-Films Amérique
Ma note:
En résumé : Un père et son fils plongés dans une difficile réalité des régions. Le ton est épuré, voire minimaliste, et le duo Roy Dupuis – Antoine L’Écuyer joue parfaitement juste. Le bruit des arbres est une première réalisation et c’est très certainement l’une des belles surprises du cinéma québécois de ces dernières années.
Trois films aux thèmes approchants : En plein cœur de Stéphane Géhami, Une jeune fille de Catherine Martin, 2 temps, 3 mouvements de Christophe Cousin.