Films du Québec

David Boutin dans Columbarium de Steve Kerr

Le sujet n’est pas neuf, et son traitement surprend agréablement par la volonté du réalisateur de s’éloigner du drame psychologique traditionnel en y insérant des références aux écritures bibliques, source inépuisable de mystère des scénaristes de films de série B.

Au rang des satisfactions, signalons les quelques bons coups techniques qui différencient Columbarium des films du genre habituels. La direction de la photographie ainsi que des images aux formats variables notamment, donnent au film des allures de production léchée, malgré un budget malingre. Mais on regrette que ces trouvailles se retrouvent bien souvent noyées dans une réalisation maniérée qui n’aide en rien (gros plans de bouches en train de manger, de dents en train de se faire laver, de tranches de jambon se faisant mayonnaiser, entre autres incongruités).

Mais c’est essentiellement au niveau du scénario que le film du diplômé des HEC Steve Kerr perd la boussole. La montée en puissance de la tension entre les deux frères se fait par à-coups et se termine par une finale hachée qui nous en dit beaucoup trop. Dommage car de nombreuses pistes intéressantes auraient pu enrichir l’intrigue (les rapports de ces frères ennemis, les véritables raisons de la mort du père, le brouillage de cartes par un énigmatique gardien et ami du défunt, etc.) alors qu’elles sont ici à peine effleurées. Restent alors les hallucinations du grand frère, accro aux médicaments et aux boissons énergisantes, comme unique moteur de cette histoire de folie graduelle où les dialogues, trop explicatifs, sonnent faux de bout en bout.

Dans le rôle d’un financier qui a perdu une grosse somme, David Boutin livre une performance habitée et fiévreuse, mais qui semble parfois trop appuyée. Ce Columbarium, premier long métrage du réalisateur, nous offre un scénario riche en promesse mais dont le traitement bancal ne convainc qu’à moitié.