Films du Québec

Une reconstitution soignée s’étalant sur trois décennies, des décors multiples et variés, une direction photo évocatrice et un montage anti-chronologique en forme de casse-tête qui amène progressivement les pièces sur la table, tout en évitant les poncifs de la biographie traditionnelle. Voilà quelques atouts techniques à mettre au crédit de Confessions, cinquième long métrage réalisé par Luc Picard, qui se démarque en outre par ses scènes violentes, adroitement agencées et jamais complaisantes.

Délaissant le drame et le fantastique, ce dernier change de registre et s’avère adroit dans sa façon de dépeindre un monde de petites frappes ordinaires, bien de chez nous, jamais vraiment conscientes des risques à vouloir jouer dans la cour des grands, mais suffisamment fières pour oser se frotter au crime organisé à grande échelle. Les rôles de soutien ont du coffre, notamment ceux de David La Haye et Sandrine Bisson, tandis que le réalisateur-acteur livre une prestation traduisant avec justesse l’ambigüité de son personnage, à la fois pauvre type sympathique et tueur froid et calculateur.

Cela dit, au chapitre des révélations, on a peu de neuf à se mettre sous la dent par rapport au matériau original. Le scénariste Sylvain Guy n’a pas voulu s’aventurer dans les aspects les plus étonnants de la carrière du petit criminel, qui a quand même tenu le coup près de 30 ans à visage découvert, mais sans être repéré par la police. On aurait aussi aimé un peu plus de contenu sur son rôle d’informateur, à peine évoqué dans le film. Quoi qu’il en soit, on se prend au jeu et on suit sans déplaisir ce suspense policier efficace et plutôt captivant, à ranger dans la catégorie des films grand public de qualité.