Critique du film La fille au manteau blanc de Darrell Wasyk

Le choix qu’à fait le cinéaste de s’inspirer d’une fable fantastique russe du milieu du 19e siècle était prometteur. Toutefois, le traitement manque de poésie.

Pacale Montpetit dans The Girl in The White Coat de Darrell Wasyk

Pacale Montpetit dans The Girl in The White Coat de Darrell Wasyk

Pour son troisième long métrage de fiction, Darrell Wasyk retrouve la comédienne Pascale Montpetit qu’il avait déjà dirigée dans H en 1990 et lui confie le rôle d’Élise, une ouvrière un peu paumée qui vit des rencontres tragiques après que son vieux manteau blanc ait été remis à neuf par un couturier.

Ce conte moral tiré d’une œuvre de Gogol datant d’un siècle et demi paraît bien peu crédible lorsque placé dans le Montréal contemporain, un contexte très reconnaissable et très souvent l’hôte des dramatiques québécoises. La pauvre et sans défense Élise (Pascale Montpetit) vit une vie recluse, en marge et ne sachant que faire ni comment se comporter en société, dans un monde qui n’est plus vraiment le sien. Les décors lugubres, le père dément, l’hiver glacial, la platitude du travail, tout concours à faire de la vie d’Élise une vie de misère.

À ce chapitre, quelques scènes illustrent bien la solitude et l’égarement du personnage d’Élise, bel exemple de mésadaptation sociale (le party chez la collègue de travail). La vie est noire, trop noire. Mais un jour, un manteau change tout. Du réalisme on fait un saut dans l’irréel. Et c’est à partir de là que La fille au manteau blanc perd de son intérêt. Outre un traitement psychologique du personnage assez mince, la part de poésie qui aurait été nécessaire pour mettre le scénario dans un contexte onirique décalé fait ici cruellement défaut. On pense à la façon qu’aurait pu déployer André Forcier ou Olivier Asselin par exemple pour mettre en images de manière singulière un sujet aussi surréaliste.

Or, Darrell Wasyk a plutôt choisi la voie du naturalisme, par manque de moyens sans doute, et a choisi de faire évoluer son personnage central dans un milieu très habituel. De ce fait, on note immédiatement l’absence de crédibilité de l’histoire et de ses personnages. C’est flagrant et parfois très gênant. Et que dire des personnages secondaires, tous ou presque beaucoup trop méchants ou excessifs et qui ne servent que de prétexte à renforcer l’idée de noirceur de l’environnement d’Élise et à illustrer l’humiliation d’une personne psychologiquement très fragile. L’interprétation inégale (Pascale Montpetit s’en sort bien) et quelques rôles à peine ébauchés (en particulier, ceux de Monique Mercure et de Joey Klein) renforcent le sentiment de malaise.

Enfin, sur une note plus positive, signalons la photographie de Jean-François Lord, qui montre de belle façon un Montréal plongé dans les rigueurs de l’hiver, un hiver dont Élise ne semble pas pouvoir sortir indemne.

En résumé

Le choix qu’à fait le cinéaste-scénariste de s’inspirer d’une fable fantastique russe du milieu du 19e siècle était prometteur. Toutefois, le traitement contemporain de La fille au manteau blanc reste trop terre à terre et manque cruellement de poésie et de distance

The Girl in the White Coat (La fille au manteau blanc) – Québec, 2011, 1h53 – une jeune femme sans avenir voit sa vie changer du tout au tout lorsqu’elle arbore un superbe manteau de couleur blanche – Avec: Pascale Montpetit, Joey Klein, Monique Mercure, Julien Poulin – Scénario et Réalisation: Darrell Wasyk – Production: Michel Ouellette, Darrell Wasyk (Domino Films) – Distribution: Domino Films

Ma note: 

Les notes :

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