Films du Québec

Projet étonnant et particulier, à la fois dans sa forme et dans sa gestation – le film a été tourné il y a presque quatre ans – Finissant(e)s suit quelques jeunes de la région de Dégelis, à la fin de leur secondaire. Marqué par deux drames routiers mortels placés en scène d’ouverture et de clôture, le dernier été de ces jeunes avant le grand saut dans l’inconnu en est un de doutes et d’interrogations sur l’avenir. Ils vivent ces derniers instants d’insouciance dans la crainte de se retrouver seuls dans une grande ville et de devoir affronter les réalités de la vie des adultes mais aussi marqué par des drames terribles. Filmant ces instants fragiles comme autant de morceaux de casse-tête, dont le spectateur aura soin de leur donner une signification, Ouellet nous invite à nous replonger dans notre propre jeunesse pour mieux appréhender sa proposition.

Filmé comme un documentaire, scénarisé comme une fiction et monté à la manière d’un film expérimental, Finissant(e)s a toutefois bien du mal à fusionner ses styles disparates. Certes, le regard nostalgique que pose Ouellet sur ces ados est parfois touchant, certes la jeune Carla Turcotte rayonne, mais plusieurs scènes sensées donner de l’épaisseur à l’histoire ne produisent que peu d’effet (le deuil suite au premier accident) ou sont difficilement amenées (l’amie disparue dans le bois, la ligne ouverte). Film au climat hétéroclite dans lequel on peine à ressentir le désarroi ou l’inquiétude des protagonistes, Finissant(e)s souffre en outre de sa comparaison avec New Denmark, œuvre plus sûre et plus aboutie, qui possédait une aura mystérieuse et poétique lui procurant une prégnance beaucoup plus marquante.