Films du Québec

Guy Thauvette et André Kasper dans La gang des hors-la-loi (Photo : Jean Demers)

Dans le paysage des films spécifiquement produits pour un public d’adolescents ou de pré-adolescents, les Contes pour tous pourraient passer pour de petites vues surannées en comparaison avec les productions hollywoodiennes évoluant dans un registre autrement plus riche et plus tape à l’œil. Cependant, il y a dans cette série un charme indéniable qui opère de film en film, de décennie en décennie et qui la rend incomparable et indémodable, même si certains tomes sont restés plus confidentiels que d’autres.

Le charme, c’est sans aucun doute ce qui caractérise de prime abord La gang des hors-la-loi, placé sous la houlette des vétérans que sont Jean Beaudry (réalisation et participation à la scénarisation) et André Melançon (coscénarisation). Rompus au style narratif des Contes et visiblement très à l’aise à travailler avec les jeunes comédiens, ils (y compris Lance Woolaver, auteur du livre original) ont choisi pour ce 24^e opus de poursuivre dans des sillons profondément tracés ayant déjà fait leurs preuves dans plusieurs productions, telles que La guerre des tuques, Bach et Bottine ou Daniel et les superdogs.

Certes, les raccourcis sont nombreux, l’angélisme est très présent et les tartines tombent évidemment toujours du bon côté. Conservation des valeurs ancestrales, complicité inter-générationnelle, reprise en main permettant de chasser de vieux démons, engagement environnementaliste, voilà quelques unes des thématiques abordées. Ici on ratisse large. Mais ce sont les codes très particuliers qui dictent le tout, et force est de constater que le La gang des hors-la-loi évite beaucoup de pièges inhérents au genre. Un genre que le précédent conte (Un cargo pour l’Afrique, Roger Cantin, 2009) avait essayé de renouveler en proposant une histoire plus socialement impliquée, sans toutefois parvenir à trouver l’assentiment du public.

La gang des hors-la-loi se résume donc en un survol de thèmes connus et se veut très traditionnel dans son approche. Malgré tout, dès les premiers instants, le film parvient à installer une certaine connivence entre le spectateur et le jeune Nicolas et nous fait entrer dans son histoire à bras ouverts. La musique reprenant les tonalités country-folk et gaélique participe à donner vie à la ruralité du lieu (autre opposition par rapport au film de Cantin qui se déroulait en plein cÅ“ur de Montréal) et l’homogénéité des jeunes comédiens est au rendez-vous. Le jeu naturel d’André Kasper (vu dans Rouge sang) est une heureuse révélation. On pourrait toutefois argumenter que certains rôles secondaires sont schématiques ou sous-exploités, en particulier celui de la mère, jouée par Marie-Jo Thério.

Retrouvant l’esprit des contes pour tous des années 80, La gang des hors-la-loi est une sympathique fable moderne qui plaira à toute la famille. Les codes du genre ne sont pas et remis en cause et encore moins transgressés, mais l’essentiel est ailleurs : le film sait se faire attachant sans pour autant tomber dans le mélo exagéré. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas perdu la main, les vieux de la gang des Contes pour tous.