Films du Québec

La légende de Sarila raconte l’épopée de trois jeunes inuits partis chercher secours pour leur communauté prend le prétexte de la nordicité pour nous resservir les thèmes du courage, de la persévérance, et de la confiance en soit. Du courage, il en faudra à nos jeunes intrépides, qui, durant leur périple, devront se sortir des pièges dressés sur leur route par les sorts d’un shaman aigri. Aidés d’une attachante bestiole, Kimi le lemming, ils devront surmonter ces dangers inextricables mais également affronter des choix personnels déstabilisants. Ces sujets universels, repris ici à la sauce inuite, donnent d’emblée au scénario un arrière goût de déjà vu.

Kimi le lemming de La légende de Sarila (Alliance Vivafilm)

Sur le papier, le projet est alléchant. Mais le résultat final est loin d’être à la hauteur des attentes. Ce qui cloche dans La légende de Sarila n’est pas tant l’artisanat de son animation, immédiatement remarquée pour qui a déjà vu ne serait-ce que deux ou trois films des studios américains. Non, le principal problème du film de Nancy Savard tient dans un scénario fourre-tout, où les quelques belles spécificités inuites se retrouvent noyées dans un océan d’aventures très occidentales (comprenez étatsuniennes) et très largement exploitées. Certes, le film a des ingrédients rassembleurs qui raviront probablement les plus jeunes. De l’aventure, de l’action, une touche de romance, de grassouillettes bibittes à poil, sans oublier le traditionnel combat entre le bien et le mal centré sur la survie d’une communauté fragilisée. Naïf à souhait, le scénario exploite bien quelques croyances nordiques, où la magie shamanique permet l’interaction entre le perceptible et le sacré et où les forces des esprits régissent les comportements au sein du clan, mais ne parvient jamais à doser correctement ses ingrédients.

Les interactions entre les trois protagonistes principaux souffrent en outre de dialogues dont l’humour décalé sonne totalement faux. De plus, le scénario échevelé n’introduit pas suffisamment le contexte (on comprend mal ce qui a chassé les animaux) et peine à justifier ses sous-intrigues (le triangle amoureux ne sert à rien). En contrepartie, Sarila égrène ses scènes d’action les unes après les autres, sans temps mort, mais sans véritablement créer de liant dramatique. On espérait un peu plus de poésie tirée des légendes inuites et un peu moins d’action, juste histoire de montrer que notre imaginaire est différent de celui des américains… Sur ce plan hélas, La légende de Sarila passe tout droit à trop vouloir faire « à la manière de ».