Liverpool (Stéphanie Lapointe et Charles-Alexandre Dubé – crédit photo: Philippe Bossé)
Pour son retour au cinéma Manon Briand signe ce petit feel-good movie estival sans peur et sans reproches, qui mélange le polar et romance et qui surfe sur certains faits de société bien actuels. Mené tambour battant, Liverpool est bâti sur la candeur et les effets de mode, dont celui qui vise à raviver l’une des pépites oubliées de notre patrimoine musical. Moins profond que le précédent long métrage de la cinéaste, Liverpoola tout de même quelques atouts dans sa manche qui pourraient faire de lui un succès. À condition qu’il trouve son public…
Tout comme La Peur de l’eau sorti plus tôt cette année et avec qui il partage de nombreuses similitudes, Liverpool pratique le mélange des genres avec plus ou moins de réussite. Dans cette enquête journalistique et policière mâtinée de comédie romantique, un gentil couple un peu gêné fait face avec aplomb à un complot d’envergure et finit par triompher, malgré sa timidité et sa maladresse.
Les thèmes abordés sont connus, à la mode, et largement débattus dans les médias. Liverpool use et abuse de références au web et aux réseaux sociaux, hydres à deux têtes, montrés à la fois comme un véritable fléau causant l’isolement de la jeunesse, mais aussi comme formidable moyen instantané de communiquer et de rassembler. Ils servent ici à faire chavirer un trafic international aux enjeux environnementaux bien réels. L’environnement, encore un sujet bien dans notre temps, utilisé ici pour permettre à la réalisatrice de livrer un message au spectateur. Ce besoin de moralisation se fait sentir à de nombreuses reprises et pas toujours très adroitement. Par contre, l’analyse un peu désabusée sur l’état du journalisme d’enquête est bien sentie. Au centre de celle-ci, l’affrontement père-fils qui ne partagent pas les mêmes visions du même métier. C’est une bonne trouvaille du scénario de Manon Briand.
En seconde partie de film, le drame policier s’efface peu à peu au profit de la comédie romantique. Liverpool change de rythme et le ton se veut moins mordant, plus léger. La naïveté s’installe, les invraisemblances se multiplient, la bonne vieille toune québécoise ressort des boules à mites. Et ce petit film à la mode se conclue comme il se doit dans un happy end prévisible.
Si le film ne peut être blâmé sur aucune de ses aspects, l’impression d’ensemble est tout de même mitigée. Au rang des regrets, outre un scénario versant dans le rose bonbon, notons une interprétation très inégale dans laquelle les deux jeunes comédiens débutants que sont Stéphanie Lapointe et Charles-Alexandre Dubé s’en sortent bien, tandis que Louis Morissette, lui aussi assez rare au cinéma, n’a vraiment rien du fils indigne qu’il incarne. Les seconds rôles versent trop souvent dans le stéréotype et l’anecdotique.
En résumé
Pour son retour au grand écran, Manon Briand signe avec Liverpool un divertissement mené rondement et réalisé dans les règles de l’art. Bénéficiant d’une intrigue bien construite, pour peu qu’on lui pardonne ses rebondissements tirés par les cheveux, cette petite comédie romantique à la mode a des armes pour plaire, à condition de pouvoir trouver son public. Malgré ses qualités toutes relatives, Liverpool reste toutefois assez éloigné de la moiteur torride qui baignait La turbulence des fluides, l’œuvre la plus aboutie de la cinéaste à ce jour.
Liverpool – Québec, 2011, 1h55 – Une préposée de vestiaire décide de rapporter un manteau non réclamé à sa propriétaire et se retrouve soudain plongée au centre d’une affaire criminelle. Un client, secrètement amoureux d’elle, accepte de risquer sa vie pour l’aider. – Avec: Stéphanie Lapointe, Charles-Alexandre Dubé, Louis Morissette, Gilles Renaud – Scénario et Réalisation: Manon Briand – Production: Luc Vandal, Roger Frappier (Max Films) – Distribution: Remstar Distribution
Ma note:
